Le Perche

Il met en joue deux gardes

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Grosse frayeur pour deux gardes- chasses le 16 janvier 2016 à 15 h à La Lande-sur-Eure, dans le Perche ornais, puisqu’ils ont plongé au sol après avoir été mis en joue par un chasseur.

L’homme participai­t à une battue. Les deux agents de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) l’ont d’abord entendu vociférer à leur encontre avant qu’il ne rentre dans le bois. Deux coups de feu ont retenti et « alors qu’aucun gibier n’est sorti de la forêt » , l’homme est revenu dans leur direction, a épaulé son fusil et les a mis en joue. « Il était à 80 m environ » . Les deux hommes se sont alors jetés au sol. L’homme est reparti dans la forêt.

« L’impression d’être persécuté »

Alertés par les gardes, les gendarmes se sont déplacés sur les lieux. L’homme a été recherché mais pas retrouvé. « L’essentiel était que les agents soient en sécurité. Ils vous ont interpellé le lendemain » , annonce la présidente au prévenu, un Ornais de 62 ans, qui comparaiss­ait devant le tribunal correction­nel d’Alen- çon, jeudi 15 septembre pour « acte d’intimidati­on envers un chargé de mission » .

À la barre, l’homme reconnaît qu’il était « énervé » ce jour-là. Mais nie avoir mis en joue les agents.

Le matin, son fils de 35 ans avait été verbalisé par ces deux agents « parce qu’il ne portait pas de gilet fluorescen­t alors qu’il est obligatoir­e pour des raisons de sécurité » , rappelle la présidente. Mais l’homme ne justifie pas sa colère par ce PV de 135 €. Dans ses déclaratio­ns aux gendarmes, il évoque « un litige relatif à une vieille histoire » avec les gardes chasse. « Vous dites avoir l’impression d’être persécuté par ces deux personnes or la population veut plus de contrôle donc vous en avez plus, y compris dans la chasse ! » , a tempêté la présidente Quitterie Lasserre.

« Les agents de l’ONCFS sont des agents assermenté­s et armés dans l’exercice de leur profession. Ils sont placés sous l’autorité du procureur de la République pour leur mission de police judiciaire. Ce sont des gens compétents et en petit nombre dans le départemen­t car l’effectif est réduit. Par ailleurs, l’un des deux présents ce jour-là officiait dans le départemen­t depuis quatre mois. Ils ne sont donc pas en permanence sur le dos du prévenu. Ils font leur travail et c’est tout » , a annoncé Me Caré. L’avocat des parties civiles ajoute que ses clients « ont été entendus concomitam­ment par des enquêteurs différents et tous les deux font état d’insultes à leur endroit or l’outrage n’est pas relevé ! »

Il réclame 5 000 € de dommages et intérêts pour l’ONCFS et pour chacun des deux agents.

10 ans de prison encourus

« Le prévenu est prolixe sur les faits qui ont eu lieu il y a plusieurs années mais recentrons-nous sur ceux du 16 janvier, graves puisque deux agents de l’ONCFS, soit un tiers des effectifs ornais, ont été mis en joue, et pour lesquels le prévenu encourt 10 ans de prison » , a souligné Audrey Berrier, la substitut du procureur de la République. Elle relève « des versions discordant­es et des déclaratio­ns évolutives » du prévenu à l’audience avant de requérir dix mois de prison avec sursis et 2 000 € d’amende.

« Les faits sont graves et peuvent marquer la mémoire mais la version de chacun des deux gardes varie sur la suite : l’un dit que le prévenu part en courant alors qu’il ne peut pas courir depuis un accident de chasse, et l’autre dit qu’il part en marchant. L’un des deux agents a 25 ans et mon client, 62 ! Il aurait pu le rattraper puisqu’il le situe à 80 m environ ! » , déclare l’avocat de la défense qui pointe un gros effectif d’agents sur les lieux : « quatre fédéraux, sur six dans l’Orne, pour ce bois de 2 hectares, ce n’est pas mal ! » Il insiste sur le fait que son client nie la mise en joue : « Il dit qu’il attendait que les cochons sortent de la forêt et s’est, peut-être, à cette occasion, tourné vers les agents » . L’avocat plaide la relaxe du prévenu et la restitutio­n des scellés.

Le tribunal a finalement condamné le chasseur de 62 ans à 5 000 € d’amende dont 2 000 € avec sursis. Il devra, en outre, s’acquitter d’un euro de dommages et intérêts au profit de l’ONCFS et de 600 € pour chacun des deux agents ainsi que de 500 € de frais d’avocats.

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