Leroy Sadze, la bonne pioche de l’USM
Sadze Leroy se destinait à devenir joueur de foot professionnel. La vie en a décidé autrement. Après l’Espagne où il a tenté sa chance, le Camerounais est arrivé dans le Perche et évolue à l’US Mortagnaise, tout en s’occupant des jeunes. Itinéraire.
« Pour jongler, visez vos lacets de chaussures, pas la pointe. » Le ballon rond, plus qu’une passion, un art de vivre. Le foot : Sadze Leroy l’a dans la peau depuis son enfance au Cameroun.
Adolescent, il a quitté à l’âge de 15 ans son pays natal pour rejoindre l’Espagne afin de devenir joueur professionnel. Alors que tous les espoirs étaient permis, une mauvaise blessure à l’avant-bras l’oblige à renoncer. Heureusement que ce milieu de terrain ne manque pas de tempérament. Faute de pouvoir devenir une « star » du ballon rond, il s’oriente vers l’éducation sportive, en direction des enfants. Son accident : un mal pour un bien.
Depuis ce jour, Sadze a trouvé véritablement chaussure à son pied et ne changerait pour rien au monde son statut. Pour en arriver là, le chemin fut long et difficile. L’enfant de Dschang a connu pas mal de galères. Son rêve : devenir footballeur pro
Il en parle simplement et très calmement. « J’ai toujours rêvé de devenir footballeur professionnel » , dit-il humblement. À quinze ans déjà, il évoluait dans l’équipe nationale du Cameroun ou il avait intégré le centre de formation de Yaoundé.
En déplacement en Espagne pour un tournoi international, il décide de tenter sa chance dans ce pays et reste sur place. Seul, sans papier, avec pour seuls bagages son sac de sports et ses chaussures à crampons, le jeune homme frappe à de nombreuses portes. Il trouve une ouverture au centre de formation de Saragosse (Real Zaragoza). Le courant passe, son talent est reconnu.
Pris alors en charge par les services sociaux, il passe son temps dans le rectangle vert et, surtout, découvre le football européen : « Bien différent de celui de l’Afrique. » Qu’importe, Sadze se met au diapason et s’adapte. À tel point qu’il intègre le onze majeur de l’équipe réserve du Sporting club Cortès. Auparavant, il avait évolué au CF Robles. En troisième division et tout en progressant, le jeune homme pense atteindre son but. Mauvaise blessure
Le sort en décide autrement. Au cours d’une rencontre, alors qu’il s’apprête à effectuer un retourné, il chute lourdement sur l’avant-bras gauche. Le verdict est sans appel : fracture ouverte du radius et du cubitus. Stoppé net, il restera trop longtemps absent des terrains pour un jour envisager une carrière.
« Je me suis blessé dans un match amical de pré-saison. J’ai mis deux ans et demi pour m’en remettre. J’étais KO, sonné, mes rêves s’envo- laient. » Beaucoup se seraient lamentés et auraient crié à l’injustice.
De cet « accident » , Sadze en fera une force. Il se lance dans les études universitaires afin de devenir prof d’EPS (éducation physique et sportive). « J’avais trouvé ma voie : enseigner et transmettre mon savoir auprès des jeunes, avoir un rôle éducatif auprès d’eux. » Mais voilà en Espagne, la crise est là, le travail manque. Ce père de famille pense qu’il est temps pour lui de partir, de voir d’autres horizons. Avec femme et bagages, il part pour la France, à Moulins-la-Marche, chez sa cousine. Toujours à la recherche d’un boulot, il contacte le club d’Alençon. L’affaire ne fera pas. L’esprit Baillard
Une connaissance lui parle de Mortagne-au-Perche et de son président Patrick Baillard. Les deux hommes se rencontrent. Immédiatement le courant passe. Ils sont sur la même longueur d’ondes, ont une même vision du ballon rond : convivial, familial, respectueux. « L’esprit Baillard » , dit en souriant Sadze.
Après avoir travaillé pendant plusieurs mois dans une entreprise locale, Sadze signe un contrat d’avenir de trois ans avec l’US Mortagnais. Sur le papier, tout paraît simple et facile, pourtant, il a fallu en effectuer des démarches pour obtenir le feu vert et ce, malgré une carte de séjour en bonne et due forme. « Patrick (Baillard) m’a énormément aidé. Il m’a toujours accompagné dans mes démarches. Sans lui, je ne sais pas si j’y serais parvenu. » Parents et enfants l’adorent
Aujourd’hui, à 25 ans, Sadze Leroy vit sa passion à cent pour cent. À l’USM, il a trouvé une nouvelle famille. Bien intégré, il respire la joie de vivre. Joie qu’il transmet aux enfants qu’il en- traîne et aussi à ses partenaires de l’équipe première. « Les enfants l’adorent », reconnaît un des parents.
« J’ai trouvé une perle, il est autant aimé par les enfants que les parents » , dixit le président.