Le Perche

« On s’est demandé si on allait mourir »

-

Krystal est élève de 2nde. Elle était en cours de français puis, en histoire géographie avec son professeur principal. Mais à la fin du cours, leur professeur les prévient qu’ils ne peuvent pas quitter leur salle de classe parce qu’il se passe quelque chose dans le lycée. Le début d’une longue attente. « Mes amies et moi nous demandions ce qu’il se passait. Et là, on apprend par des filles d’une autre classe qu’un homme s’est introduit dans une salle de cours avec la tête enrubannée. Il a crié quelque chose en filmant avec son téléphone. »

Avec ses camarades, ils ont d’abord cru à un exercice. « De 9 h 45 à 12 h, nous n’avons eu aucune informatio­n de la part de notre professeur. Les seuls renseignem­ents que nous avions étaient ceux que nous nous communiqui­ons entre élèves. » C’est de cette manière qu’ils se rendront compte qu’il ne s’agit pas d’un jeu, ni même d’un exercice. « Nous avons su qu’il y avait des gendarmes partout devant le lycée. C’est quand même un peu effrayant. Nous nous sommes posé plein de questions. Est- ce un terroriste ? Est-ce qu’on va mourir ? Pourquoi il a fait ça ? »

Puis, un gendarme se rendra dans leur classe, vers 12 h 15, pour les accompagne­r jusqu’au self. « Il nous a dit de ne pas divulguer d’informatio­ns sur les réseaux sociaux et d’éteindre nos téléphones. Il nous a dit que cela ne servait à rien de paniquer parce qu’ils avaient la situation en mains. »

En fait, les informatio­ns, Krystal et ses copines devront attendre le début d’après-midi pour les recevoir. « C’est un de nos professeur­s qui nous a raconté ce qu’il s’est réel- lement passé. Il nous a dit qu’un homme s’est introduit dans le lycée, la tête enrubannée, entrant dans une classe en filmant et criant quelque chose en arabe. » Prévenus par SMS

Pendant ce temps, de l’autre côté de la rue, sur le parking du Cosec, les parents, eux, trépignent. Pire, ceux qui sont bloqués chez eux ou au travail. Et qui n’ont reçu, pour toute informatio­n, qu’un SMS de la part de la vie scolaire du lycée. C’est le cas de Karelle, la maman de Krystal, : «A 11 h 07, j’ai reçu un texto me disant simplement ’Élèves en sécurité. Confinemen­t par précaution dans le lycée. Gendarmeri­e sur place pour faire des vérificati­ons’. Débrouille­z-vous avec ça ! Dans la tête des parents, à ce moment-là, on se demande ce qu’il se passe au lycée, où sont nos enfants, dans quelles conditions se trouve ma fille, et un tas d’autres questions », lâchet-elle quelques heures après les faits, toujours en colère mais soulagée.

Et de s’expliquer : « Je n’ai reçu un message de ma fille que trente minutes plus tard mais jusque-là, je ne savais pas du tout ce qu’il s’était passé. Et après, je n’ai pas été tenue au courant de quoi que ce soit, ni même à quelle heure je pouvais récupérer Krystal. »

Cette mère de famille l’avoue, elle était très inquiète « parce qu’il était impossible de joindre quelqu’un au lycée. Au début, on ne savait pas s’il était armé ou non. Mon fils me disait de ne pas nous inquiéter mais c’est facile à dire. Et l’établissem­ent ne nous a prévenus que trois heures après que c’est arrivé » .

Newspapers in French

Newspapers from France