Le Perche

Jason, l’enfant du pays, fait rire Paris

À 20 ans, Jason Rayer a décidé de monter jouer la comédie à Paris. Un an plus tard, le Fertois multiplie les scènes. Et va bientôt faire sa première partie. Rencontre.

- Carine Robinault

La Ferté- Bernard. « Tout était fait pour que ma

vie soit un sketch ! » Dans un large sourire, les yeux bleus fixés droit devant lui, Jason Rayer, 21 ans, tente d’expliquer ce qui l’a poussé à devenir comédien.

« Il fallait que ça tombe sur moi »

« J’habitais à Boëssé-le-Sec, dans un HLM. Rien que ça, c’est risible. Des HLM dans un village de 600 habitants, il fallait que ça tombe sur moi », s’étonne encore le jeune homme dans un éclat de rires.

Depuis six ans, il a pris son envol à La Ferté-Bernard. Et multiplie les allers-retours à Paris pour y jouer la comédie. « J’ai ce truc depuis tout petit comme ceux qui veulent devenir pompiers ou footballeu­r. Moi, c’était humoriste. »

Il faut bien l’avouer, Jason, c’était un peu toujours le pitre de la bande, de la soirée. Pourtant, il a la tête bien vissée sur

les épaules. « Je savais que je tenterai ma chance. Mais d’abord, j’ai passé mon baccalauré­at puis, j’ai fait une fac économique à Angers. Là, j’ai beaucoup écrit. Puis au bout de deux ans, j’ai arrêté les études pour me lancer. »

De cafés-théâtres en premières parties

Un job de serveur quartier de la Liberté à La Ferté-Bernard

lui permet de payer ses déplacemen­ts. Qui s’intensifie­nt ces derniers temps.

« J’ai fait ma première scène en septembre 2015 dans un petit café parisien que j’avais trouvé par hasard sur Internet. Puis, j’ai participé à des scènes ouvertes au ’Paname’ ou à ’Café Oscar’, des cafés-théâtres. J’ai alors fait des scènes plus importante­s au ’So gymnase’. Je viens de faire ma première partie d’un groupe d’hypnose qui participe à l’émission de télévision Incroyable talent. Cela s’est super-bien passé. J’ai même fait le chauffeur de salle au début. Ils vont d’ailleurs me rappeler pour me confier quelques dates. Et je vais aussi aller sur des scènes à Lille et Nantes et prochainem­ent à Angers et Bordeaux. Soit ce sont des artistes qui m’ont démarché, soit c’est moi qui suis allé les voir. »

L’humoriste en devenir ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Il va tenter deux concours. Kandidator, au théâtre des Feux de la rampe donne la possibilit­é au vainqueur de se produire au festival Juste pour rire, à Montréal. Le second, Talent de Ménilmonta­nt, pourrait lui permettre -il fait partie des 45 candidats sélectionn­és sur 110de décrocher quatre représenta­tions d’1 h 15 dans des salles de 100 personnes.

Autant dire que le Fertois pourrait se faire connaître. Et, pourquoi pas, espérer vivre de sa passion. Parce qu’aujourd’hui, c’est loin d’être le cas. Mais c’est pour le moment le cadet de ses soucis. « Quand j’ai fait ma première scène, il y avait six personnes dans le public, dont trois de mes amis » . Jason Rayer y repense le sourire aux lèvres. Aujourd’hui, sur les réseaux sociaux, une vidéo sur un de ses sketches, « même un passage moins bien que d’autres, va faire 2 000 vues. C’est un peu fou pour moi » , reconnaît l’adulte. Qui rêve déjà : « ça doit être kiffant de passer devant un théâtre et de voir sa tête sur une affiche. » Et il y croit dur comme fer le provincial… « L’avantage, quand on habite à la campagne, c’est qu’on a toujours un truc à raconter. »

L’autodérisi­on. C’est ce qui caractéris­e les sketches du Sarthois. Il en use et en abuse. « J’écris sur tout, l’effet Pokémon, un truc auquel je pense en me levant le matin. La semaine dernière par exemple, je suis tombé en panne de voiture en montant à Paris. Une grosse galère, j’ai dû prendre un taxi, ça m’a coûté 300 euros mais j’ai écrit un truc dessus. Tout est prétexte à rire. Rien que sur ma campagne, je pourrais écrire un livre. C’est sûr, ici, on n’a pas le métro mais on a des personnage­s ! »

Maman : grande source d’inspiratio­n

Et de se souvenir d’un épisode

de sa jeunesse : « J’ai un ami arabe qui est venu me rendre visite quand je vivais à Boëssé. On a croisé un habitant qui lui a dit de ne pas s’inquiéter, qu’il n’était pas raciste, pour preuve, son chien était noir ! »

Des exemples comme celui-là, Jason en a à la pelle. Même s’il l’avoue, sa plus grande source d’inspiratio­n reste sa maman. « Quand je lui ai dit mon envie de devenir humoriste, elle n’a pas compris. Elle m’a d’ailleurs demandé plusieurs fois quand j’allais retourner à la fac. Elle est très contente pour moi mais je ne pense pas qu’elle réalise parce qu’elle n’est encore jamais venue me voir jouer à Paris. » Ce sera peut-être bientôt chose faite si Jason sort vainqueur de l’un des deux concours qui débutent les 30 octobre et 4 novembre.

 ??  ?? Entre deux représenta­tions à Paris, entre autres, Jason Rayer, 21 ans vient se ressourcer sur ses terres d’origine, à La Ferté-Bernard. Ou plutôt, s’inspirer pour ses prochains sketches…
Entre deux représenta­tions à Paris, entre autres, Jason Rayer, 21 ans vient se ressourcer sur ses terres d’origine, à La Ferté-Bernard. Ou plutôt, s’inspirer pour ses prochains sketches…

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