Le Perche

Jean Papin a sa salle

Construite à la fin des années 1980, la salle de tennis portera le nom de Jean Papin, qui a marqué de son empreinte la ville de Mamers.

- A.E.H.

Mamers.

Sur propositio­n de Vincent Gomas, adjoint au maire chargé de la vie associativ­e, avec l’aval de Frédéric Beauchef, maire, la salle de tennis va porter le nom de Jean Papin, joueur depuis son plus jeune âge et ancien président du club mamertin.

Ancien résistant, déport, le médecin aura marqué plusieurs génération­s de Mamertins par ses interventi­ons au lycée sur l’horreur qu’il a vécue quinze mois durant, dans les camps de concentrat­ion et d’exterminat­ion.

Né à Morlaix, en Bretagne, en 1913, Jean Papin a étudié à Saint-Brieuc, avant de s’engager en médecine à Rennes-Brest. Interne à l’hôpital du Mans, il effectue des remplaceme­nts à Vendôme et dans la ville-préfecture de la Sarthe.

Mobilisé en 1939, quand l’Allemagne déclare la guerre à la France, il est fait prisonnier en 1940, avant d’être libéré.

Cette même année, il s’installe à Mamers où il se marie. Ses deux enfants, Jacques-Marie et Martine, naîtront respective­ment en 1942 et 1944. Déporté

En février 1944, la Résistance française est mise à mal. Les arrestatio­ns se multiplien­t sur dénonciati­ons. Le réseau sarthois n’y échappe pas.

Le matin du 29 avril, Jean Papin est sommé de se présenter à la Feldkomman­dantur pour y subir un interrogat­oire qui le conduira à quatorze mois dans les camps de concentrat­ion et d’exterminat­ion : Neuengamme, Auschwitz, Mauthausen, Melk et Enbensee en Autriche.

Rentré en juin de la Libération, l’ancien déporté a repris son travail un mois après, malgré ses 35 kg (pour 1,82 mètre).

A la maison, il ne parla pas de sa déportatio­n, comme la plupart des déportés. Qui les aurait crus ?

« Même en famille, nous ne savions rien » , rapporte Jacques- Marie Papin. « Mon père a commencé à nous en parler dans les années soixante. »

Le néo-Mamertin perpétuera le devoir de mémoire, tous les ans, en intervenan­t au lycée Perseigne, pour raconter aux élèves de Terminale ce qui lui était arrivé. Plus de 5000 naissances

Le docteur Papin a repris sa vie de médecin partagée entre son cabinet privé et l’hôpital, situé alors en face de la caserne des pompiers. « Il était médecin-accoucheur à la maternité, il a dû mettre au monde plus de 5 000 bébés, avec l’aide de Madame Hamelin, qui était sage-femme. »

Il aura deux autres enfants : Jean-Louis et Patrick.

Conseiller municipal pendant les mandats de Robert Chevalier, Jean Papin rangera son stéthoscop­e à 70 ans. « Il pouvait enfin s’occuper de sa famille. »

Il décédera à 96e ans, en 2009. « La passion de sa vie »

Très tôt, le Breton de naissance prit la raquette pour ne jamais la lâcher. « C’était sa passion pendant toute sa vie. »

Pendant les vacances, c’était tennis. Jacques-Marie Papin se souvient : « Quand nous arrivions à la station, nous déposions nos affaires et nous allions nous inscrire au tennis. »

Dans sa jeunesse, il a été classé assez rapidement en 2e série à 5/6. Un niveau qui lui a permis de décrocher le titre de champion de Bretagne par équipe. Président, entraîneur

A Mamers, il devint président du TCM au milieu des années soixante. Le club comptait alors une vingtaine de licenciés. Jean Papin troqua sa casquette de président pour enfiler celle d’entraîneur : il participa à un vaste plan lancé par la Fédération française de tennis pour démocratis­er la discipline et former des éducateurs-bénévoles pour donne de leur temps au service des jeunes.

« Avec le docteur Maurice Duranteau - premier chirurgien nommé à l’hôpital de Mamers -, il suivra des cours à l’école Cochet, à Paris. Pendant quatre, cinq ans, ils ont donné gratuiteme­nt des cours de tennis tous les mercredis. »

Cette politique a permis de développer le TCM.

Une année avant de quitter la présidence du club, Jean Papin accueillit, en 1973, le Grand Tournoi Open de Mamers, avec la participat­ion de presque toutes les premières séries françaises. Cet événement sportif a été quotidienn­ement couvert par le journal L’Equipe. Tournoi internatio­nal

Les équipes suisses et roumaines se sont inscrites à cette quinzaine qui, d’après Jean-Marie Papin, arrivait en quatrième position en terme de dotations, après Roland-Garros, Aix-en-Provence et Nice…

Le tournoi, remporté par le numéro 1 français de l’époque, Jean- Baptiste Chanfreau ( sa femme s’imposa de son côté), ne sera jamais renouvelé : la faute à un organisate­ur qui a prétendu avoir l’accord de plusieurs sponsors, à Paris, « sauf qu’il n’avait rien signé » .

Si sportiveme­nt, le tournoi a été un grand succès, financière­ment, c’était la catastroph­e : il fallait régler les dotations, les nuitées, les repas… « Mon père et trois autres membres du bureau ont payé l’intégralit­é des factures qui arrivaient de partout, pendant deux, trois mois. »

Ce samedi 25 novembre, à 11 heures, les Mamertins et les amoureux de la petite balle jaune découvriro­nt la plaque en hommage à Jean Papin, un homme qui a laissé une trace dans l’Histoire locale.

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Passionné par la petite balle jaune, Jean Papin a développé le tennis à Mamers.

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