Faut-il garder secret les coins à champignons ?
Un passionné a créé une carte interactive qui permet de géolocaliser les champignons. Les amateurs peuvent ainsi partager les fruits de leurs recherches avec les néophytes. Pas sûr que cette application plaise à tout le monde.
Perche.
Verra-t-on un jour les bons coins à champignons du Perche sur la carte interactive que ce Lyonnais a créée ? En allant sur son site ( umap. openstreetmap.fr), on découvre les meilleurs spots à champignons en France. Une centaine sont répertoriés. Le plus proche se trouve dans la forêt d’Abondant, dans le nord du département de l’Eure-et-Loir. Promenade
Cette carte est libre d’accès et chacun peut y apporter sa contribution. Le principe est simple : les cueilleurs peuvent se connecter et indiquer les coins qu’ils souhaitent partager. Les passionnés de champignons n’ont plus qu’à se baisser pour récolter les comestibles.
Ces Percherons, rencontrés en bordure de forêt, trouvent que c’est plus sympa de partir à la recherche de champignons, « sans savoir si on va en trouver ou pas » : « C’est quand même plus amusant. Surtout qu’on ne se prend pas la tête. On n’a pas d’objectif précis. Le principal, pour nous, étant de nous promener. » « Communier avec la nature »
Eux ne connecteront pas à leur téléphone mobile pour dégoter la bonne affaire. « Et puis, quand on est en forêt, on oublie les moyens modernes de communication. On veut plutôt communier avec la nature. Alors le téléphone portable reste bien au fond de la poche. »
Organisateur de sorties champignons et président du comité d’organisation des mycologiades internationales de Bellême, Daniel Jean est partagé sur la question : faut-il garder les meilleurs coins pour soi ?
« Quand les gens vont aux champignons, dit-il tout d’abord, c’est pour marcher, pour prendre l’air. »
Ensuite, poursuit-il, « c’est compliqué » car « l’emplacement des champignons change d’une année sur l’autre et ils poussent en fonction de la nature du lieu et des arbres » . Plutôt une carte IGN
La présence d’arbres est indispensable au développement des girolles, appelées également chanterelles. Elles se trouvent en sous-bois mais aussi parfois en lisière de forêt, sous les feuillus (bouleaux, chênes, hêtres, etc.). Et bien souvent sous les résineux. Les bolées sous les chênes…
« Les champignons dépendent de la régénération de certaines zones. Sans compter les coupes d’arbres maîtrisées par l’ONF (office national des forêts). » Pour les sorties champignons qu’il organise, Daniel Jean préconise de noter les numéros de la parcelle, visible sur la carte IGN, plutôt que d’utiliser une carte interactive.
Si lui, le passionné, ne rechigne pas à partager les coins qu’il connaît - « La forêt domaniale appartient à tout le monde » -, d’autres préfèrent les garder secrets.
Daniel Jean met d’ailleurs en garde contre « ces gens qui font du trafic. Face à ces trafiquants qui vendent au marché noir ou aux restaurants, il faut rester vigilant » .
C’est peut-être cette mésaventure qu’ont vécue les propriétaires de cinq véhicules, au début de ce mois, entre Alençon et Mamers. Au retour de leur promenade en forêt de Perseigne, ils ont trouvé les quatre roues de leur véhicule crevées.
Partager peut-être, mais sûrement pas avec n’importe qui.