Caillaux, au coeur du conflit mondial
Le 1er août 1914, Joseph Caillaux, 51 ans, demanda « instamment à être utilisé en 1re ligne de l’armée soir pour organiser et surveiller les services de trésorerie, soit pour toute autre besogne d’administration. » Le 2 août, jour de la mobilisation générale, il est nommé payeur principal à l’état-major de la IIIe Armée, puis au 4e corps d’armée. Toutefois, ses relations sont difficiles avec les officiers, étant donné que l’ancien ministre des finances est l’homme le plus détesté de France. En effet, le 28 juillet 1914, son épouse Henriette fut acquittée dans son procès pour l’assassinat de Gaston Calmette, directeur du Figaro.
En février 1915, hostile à la guerre, il continue d’affirmer dans les couloirs de la chambre des Députés que la paix était possible après la victoire de la Marne (6-12 septembre 1914). Guerre de démocratie
Dans son discours prononcé à Mamers, le 22 juillet 1917, il exalte le sacrifice des soldats morts au combat. Puis, il définit les buts d’une « guerre de démocratie » . Pour lui, la paix est l’objectif des combats en cours, mais il s’agit d’une paix inscrite dans le droit et la justice. En aucun cas, elle ne doit être une paix « humiliante, hypocrite, incertaine, sans garanties internationales » .
Le 11 décembre 1917, Joseph Caillaux effectue l’une de ses dernières réunions publiques à Mamers, en présence du général Faurie (4e région militaire). A la demande du pouvoir en place, les députés votent la levée de son immunité parlementaire le 22 décembre 1917. Trois semaines plus tard, le 14 janvier, il est incarcéré à la prison de la Santé. Le Sénat, constitué en Haute Cour de Justice, le condamne par deux fois pour « correspondance avec l’ennemi » . Il sera finalement amnistié en 1925, lui permettant de retrouver des fonctions politiques locale (président du Conseil général de la Sarthe jusqu’en 1940) et nationale (sénateur de la Sarthe et vice-président du Conseil/ministre des finances).