La seconde vie des légumes moches
Ils ont encore du mal à trouver leur place dans le panier du consommateur. Mais dans le Perche, certains n’hésitent plus à demander de préférence ces légumes ou fruits non calibrés. Moins beaux mais aussi moins chers…
Anti- gaspillage, économique, écologique : les arguments en faveur des fruits et légumes dits « moches » c’est-à-dire ne répondant pas à la standardisation actuelle, sont nombreux. La mode est au recyclage mais au moment du choix, le consommateur tend encore instinctivement la main vers une pomme bien ronde et lisse plutôt que sa voisine un peu biscornue… Pour moins jeter
Pourtant, des initiatives voient le jour. Et des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent pour faire la promotion de ces laisséspour-compte, ces produits horsnorme qui finissent trop souvent à la poubelle.
À Mortagne-au-Perche, cela fait longtemps que l’enseigne Tout frais tout fruit y pense. L’enseigne spécialisée dans la vente de produits frais (et épicerie fine) préfère proposer un petit prix plutôt que de jeter : « il y a une demande de la part de notre clientèle, confirme Véronique Besse. Alors, on propose un cageot avec des fruits un peu abîmés mais parfaitement consommables. On fait un petit prix et tout le monde s’y retrouve… De même, quand une salade est un peu défraîchie, j’enlève les feuilles moins belles et je la remets en rayon mais dans un petit sachet avec une étiquette jaune : les clients repèrent ainsi les produits avec un prix réduit » .
Ici la politique du magasin est d’éviter de trop jeter : le personnel peut également profiter de ces légumes et fruits « déclassés » . Offre ponctuelle
La situation est différente chez les enseignes de la grande distribution : elles travaillent avec des producteurs qui doivent répondre à des calibres donnés… À Ledear Price (Mortagne), on a choisi de donner ces produits à une association. À Intermarché, les patrons procèdent selon des promotions fixées par le groupe qui depuis deux ans joue la carte du « légume moche » en en faisant un atout pour la vente. « Il s’agit d’opérations ponctuelles, confie le directeur David Chabirand. Actuellement, nous n’en avons plus car nous les avons tous vendus. On fait également les conserves moches et ça marche bien… Mais on ne peut pas le faire tout le temps ou à la demande du client. Ce serait trop compliqué à gérer » .
Cette cliente en a fait l’expérience : dans une grande surface percheronne, elle a sollicité un rabais sur des fruits trop mûrs. « Pas possible » lui a-t-on répondu, lui faisant comprendre que ces fruits étaient de pré- férence enlevés (et jetés?) des rayons. Pas toujours facile la vie des légumes moches…