Socopa : les éleveurs dénoncent l’import de viande italienne
Jeunes agriculteurs et Fédération des exploitants agricoles ont fait le piquet, devant l’abattoir local. Ils regrettent l’achat de viande réformée italienne par la société.
Cherré. Dernièrement une bonne vingtaine d’agriculteurs se sont regroupés, devant les grilles de l’entreprise Socopa viandes, à Cherré.
Leur but : manifester leur mécontentement : « Nous avons appris, par un mail anonyme d’un salarié de l’entreprise, que des carcasses de vaches réformées étrangères, notamment italiennes, entrent ici » , rapporte Frédéric Lenoir, responsable de la section viande bovine pour les Jeunes agriculteurs de la Sarthe (JA 72).
C’est à l’appel de ces derniers, mais aussi de la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles que les agriculteurs se sont présentés devant la société cherréenne.
Provocation
« J’ai appelé le directeur qui m’a confirmé avoir signé un contrat de six mois pour ces bêtes étrangères, qui sont vouées à la fabrication de steaks hachés à 20 % de matière grasse. C’est de la provocation ! Surtout quand on voit des publicités du groupe Bigard qui dit soutenir les producteurs français. En faisant cela, il va plutôt nous enterrer ! »
Pour lui, comme pour JeanDaniel Etiemvre, responsable de la section viande bovine à la FDSEA, « il n’y a pas besoin de faire venir des vaches d’Italie. Ici, avec la conjoncture, les producteurs de lait cherchent à vendre leurs bêtes réformées pour leur viande. On a ce qu’il faut ! »
Maintenir la pression
Les professionnels estiment y voir clair. « Ce n’est pas forcément beaucoup moins cher de faire venir cette viande italienne mais c’est une manière de maintenir la pression sur ce qui est produit en France », ont-ils lâché avant d’être reçus pour une dizaine d’entre eux, par le directeur David Grangeré (N.D.L.R. ; il est resté injoignable jusqu’à l’heure du bouclage de notre journal). Pendant que les uns parlementent, les autres organisent un barbecue devant l’entreprise, suscitant des sourires chez les salariés du site. Saucisses et rillettes bien locales sont au menu du jour.
Reçus par la Direction
À sa sortie, la délégation rapporte : « Il nous a assuré qu’il ne s’agit que d’un camion par semaine qui arrive d’Italie. Ce qui représenterait 1 000 tonnes sur les 75 000 tonnes travaillées chaque année par Socopa. »
Selon les agriculteurs reçus, le directeur semblait « vexé. Il n’a pas compris qu’on vienne encore le voir lui pour un camion alors que certains de ses concurrents travaillent jusqu’à 50 % de viande étrangère. Nous lui avons répondu que s’il faisait ça, il ne pouvait pas continuer ses publicités disant qu’il défend l’agriculture française » .
Et de conclure : « Il a promis de suspendre ces camions de vaches italiennes le temps que nous allions rencontrer ses concurrents et leur faire, à eux aussi, la morale, ceux qui n’ont pas forcément pignon sur rue. »