Ne pas rouler la baguette du Perche dans la farine
Produit phare du Parc, cette marque déposée connaît un véritable succès auprès de la clientèle. À tel point que certains boulangers en profitent pour la détourner en y associant simplement le mot « Perche » .
Avec sa mie ambrée, sa croûte colorée, elle fait des envieux. Pourtant, la baguette du Perche n’entend pas se faire rouler dans la farine. Qui aurait pu penser, un jour, que ce produit phare, marque déposée du Parc naturel régional du Perche, serait copié par certains boulangers, peu pétri de bonnes intentions.
Profiter du label porteur du Perche afin de mettre en rayon un pain très éloigné des critères imposés pour obtenir le droit de commercialiser cette fameuse baguette du Perche, cela s’apparente à de la contre façon.
Manque de respect
Pas du goût de ceux qui respectent à la lettre le cahier des charges imposé. Ni de ceux qui ont initié et façonné voici treize ans cette baguette. Ils y voient non seulement un manque à gagner, une forme de tricherie et vis- à- vis de la clientèle un manque de respect et aussi une forme de malhonnêteté.
Les indélicats ont bien compris qu’en malaxant le mot
« Perche » , ils ont toutes les chances de s’attirer une clientèle plus large, surtout le week-end lorsque les résidants secondaires descendent de Paris pour passer quelques jours. Les locaux aussi, sans le savoir, peuvent tomber dans le « pétrin » .
Se distinguer des grandes surfaces
« C’est un produit d’appel
touristique » , reconnaît le Parc. Appréciée pour son goût, sa texture, la baguette du Perche connaît un véritable succès. Ce sont l’équivalent de 3 000 quintaux de blé qui, chaque année, sont transformés en farine pour son élaboration. Et une seule minoterie de la région est habilitée par le Parc : Les minoteries Guiard, à La Madeleine-Bouvet.
« Cette baguette a été un challenge. L’objectif était de développer des produits du terroir et de permettre aux artisans de se distinguer des grandes surfaces en proposant du local. »
Au-delà de cette politique, certains y voient le moyen de préserver les petites communes car chacun sait qu’une boulangerie dans un village apporte de la vie. Un peu comme les écoles.
« Cette marque se mérite »
Il y a comme un lien social. En se différenciant avec un produit de qualité et purement percheron, la baguette du Perche défend un art de vivre. « Il est important que le consommateur sache ce qu’il
achète, qu’il ne se fasse pas
avoir » , explique-t-on du côté de Courboyer. D’où sa mise en garde. Loin d’affirmer que les autres baguettes sont « mau
vaises » , les responsables tiennent à mettre les choses au point. « Cette marque se mérite. »
Alors quelle est sa particularité ? D’abord, elle est 100 % locale. Trois agriculteurs en poly- culture fournissent le blé : Caude Bacle à Bretoncelles, Patrick Pasquier à La Chapelle-Montligeon et Jacky Gachelin à Saint-Cyrla-Rosière.
Filière courte
Un blé de différentes variétés, « des modernes » , adaptées au secteur et au meunier, ce qui évite les maladies. Lorsque le besoin se fait sentir, les agricul- teurs effectuent une fertilisation azotée.
Très proche de la filière courte : c’est-à-dire du producteur au consommateur, ce pain est façonné à la main avec une fermentation lente qui développe les arômes. Tout un art. De plus, outre le logo « Baguette
du Perche » apposé sur les vitrines des vingt-huit boulan- gers qui ont signé la convention, chaque client repart avec une pochette stylée indiquant le nom du produit.
Enfin, afin d’être certain de ne pas se tromper, l’acheteur peut avoir accès au panneau de traçabilité. Difficile de se tromper et de tomber dans le pétrin pour cette baguette percheronne jusqu’à la mie.