Un Perche sans éolienne ?
Deux projets sont à l’étude à Moussonvilliers. Saint-Maurice-lès-Charencey est également concerné. D’autres communes ont été approchées. Le vent du Perche ferait-il pousser les éoliennes ?
Des porteurs de projets sonnent de plus en plus nombreux aux portes des mairies du Perche. Le territoire n’a, pour l’heure, pas cédé aux sirènes des éoliennes. Pour combien de temps encore…
Perche. Ce ne sont pas de graines ni d’une terre fertile dont elles ont besoin mais de vents et de grands espaces… Les éoliennes sont à nouveau sous le feu de l’actualité dans le Perche avec deux projets qui, s’ils ne suscitent pas moult débats, inquiètent cependant riverains et défenseurs de l’environnement. Compensations financières
Un premier projet, de trois grandes éoliennes (sur Moussonvilliers et Saint-Maurice-lèsCharencey en bordure de RN12) a vu le jour voilà déjà 10 ans. Acté par la préfecture, il est actuellement sous le coup d’un recours juridique. Les défenseurs de l’environnement, dont l’association Lavre se fait le porte-parole, n’ont pas dit leur dernier mot.
Aujourd’hui, un second projet est soumis à enquête publique ( implantation de quatre éoliennes à Moussonvilliers). Ce qui porterait à sept le nombre de grandes éoliennes industrielles positionnées dans le Haut-Perche. Maire de Mous- sonvilliers, Pascal Houlle n’a pas dit non au projet : « il n’y a pas encore d’éoliennes installées dans le Perche, alors forcément on essuie les plâtres… C’est compliqué : d’un côté on est favorable au développement durable, l’énergie verte, mais de l’autre on a conscience des nuisances. On s’est renseigné auprès d’autres communes mais il y a encore peu de recul. Sur le principe, on a décidé de ne pas s’opposer fermement. Mais il fallait des compensations financières. On a négocié avec la communauté de communes qui percevra 55 % des recettes et Moussonvilliers 45 %. Cela représente pour la commune environ 40 000 euros par an. Pour un seul projet… Ce n’est pas négligeable pour une petite commune comme la nôtre car une éolienne a une durée de vie de 20 ans » . Hameau encerclé
Mais il comprend tout à fait l’inquiétude des riverains, surtout depuis l’annonce du second projet : « ça m’étonnerait beaucoup que les deux soient actés. Ces secondes éoliennes seraient installées plus près du bourg et un hameau risque même de se trouver pris entre les deux zones… Mais au final notre avis compte peu : c’est la préfecture, donc l’État, qui donne la décision finale » .
Différentes étapes sont à respecter : après les délibérations en conseil municipal et l’enquête publique, le dossier sera soumis à la préfecture. Puis à la commission départementale pour revenir enfin sur le bureau du préfet. « On verra si un recours sera alors déposé comme pour le premier projet… » souligne le maire. Population divisée
Des habitants ont aussitôt réagi à l’annonce de ce second projet. Surtout que d’autres communes du bassin de vie de Longny-au-Perche auraient été démarchées à leur tour… Une nouvelle association a été créée en juin dernier : association de défense de l’environnement et des habitants du Perche (Adehp). Sophie de Longcamp, installée à Moulicent, en est la présidente : « ce projet nous inquiète beaucoup. Écologiquement et économiquement, ce n’est pas du tout intéressant. Je défends l’écologie : ici à la Grande Noë, sous sommes au bio depuis le début. L’écologie est au coeur de mes passions. Mais l’éolien n’est pas une énergie verte, au contraire. Et les nuisances, sonores et visuelles, sont réelles. De telles éoliennes ne sont pas compatibles avec le Perche » . L’association, par le biais de son avocat, vient d’écrire aux maires du territoire de Longny pour « leur faire connaître notre opposition à ce projet » . Elle évoque, entre autres arguments, la distance minimale de 500 mètres des habitations, « d’autres pays ont exigé 1,5 kilomètre minimum » . Ainsi que l’aspect social : « la population est divisée, entre les propriétaires qui souhaitent accueillir une éolienne sur leur terrain contre compensation financière et ceux qui vont subir les nuisances… » Charte éolienne de l’Orne
Le Perche n’en a pas fini avec les éoliennes. Depuis la présentation du Schéma régional éolien de Basse-Normandie qui indiquait que 43 communes ornaises (dont plusieurs du Perche) présentaient toutes les conditions pour accueillir des éoliennes, les élus ont été sollicités à plusieurs reprises. Condé-sur-Huisne avait à l’époque fermement dit non. À La Perrière et Sérigny, des voix protestataires s’étaient également faites entendre. Beaucoup font référence à la Charte éolienne de l’Orne qui estime que « le territoire du Perche est peu opportun à l’éolien » . Le dossier est loin d’être clos…