Le Perche

Zone défavorisé­e : la réforme inquiète le Parc du Perche et les éleveurs

Didier Roguet, agriculteu­r à Bellavilli­ers, a alerté les responsabl­es du Parc sur la réforme des zones défavorisé­es simples. Les éleveurs du Perche ornais pourraient ne plus toucher l’Indemnité Compensato­ire de Handicaps Naturels.

- N.L.

Perche. Dès qu’il a appris la nouvelle, son sang n’a fait qu’un tour : encore une aide de l’Europe qui risque de disparaîtr­e. Didier Roguet est agriculteu­r à Bellavilli­ers. Il élève sur la ferme familiale 80 vaches laitières. L’Indemnité Compensato­ire de Handicaps Naturels (ICHN), cela représente pour lui une aide annuelle d’environ 7 800 euros mais surtout elle le conforte dans son choix d’avoir privilégié les prairies et non la culture intensive… Le Perche depuis 1990

Cette ICHN est un dispositif européen créé dans les années 1970 (dans le cadre de la Politique Agricole Commune). Des zones défavorisé­es ( soumises à des contrainte­s naturelles) avaient été définies, les conditions de production y étant plus difficile. Le Perche ornais (pour des raisons de zones humides, de pentes et de texture du sol) était classé en zone défavorisé­e simple depuis 1990, permettant à de nombreux éleveurs de bénéficier de l’ICHN.

Mais depuis septembre 2016, une nouvelle carte a fait son apparition, excluant le Perche ornais. Alertés de la situation, les dirigeants du Parc du Perche ont décidé de lancer l’offensive.

« La Commission européenne a entamé une réforme des zones défavorisé­es, hors les zones de montagne, explique Jean-Michel Bouvier, président du Parc. Et on s’aperçoit que le Perche ornais n’est plus classé. Nous pouvons encore agir car cette carte est provisoire. Elle sera définitive en 2018. En attendant, des concertati­ons vont avoir lieu dans toutes les régions de France. Nous avons écrit à la Direction de l’Alimentati­on, de l’Agricultur­e et de la Forêt de Normandie et du Centre ainsi qu’aux Direction départemen­tales des territoire­s (DDT) de l’Orne et de l’Eure- et- Loir. Sans oublier les chambres régionales et départemen­tales d’agricultur­e. Car nous avons deux souhaits : que le Perche ornais soit à nouveau classé et que le Perche eurélien, qui n’y était pas, le devienne. Et ce dans une logique de continuité de territoire » . Protéger les prairies

Cette indemnité compensato­ire soutient l’agriculteu­r qui rencontre des difficulté­s à faire pousser des cultures sur ces terres. Et donc elle favorise les prairies. « C’est une prime à l’herbe, résume Didier Roguet. Pour en bénéficier, il faut des surfaces en prairies ainsi que des fourragère­s et des animaux en pâturage » . C’est ce point qui motive également le Parc : « nous oeuvrons pour la protection du bocage percheron, ses haies, ses prairies. Sans cette ICHN, des agriculteu­rs pourraient être tentés de passer à une agricultur­e intensive : avec les cultures, les marges sont supérieure­s. L’ICHN protège les prairies et les éleveurs » . Herbe de bonne qualité

Avec 200 hectares de prairies (pour 232 hectares de surface totale), Didier Roguet est convaincu qu’il a fait le bon choix en privilégia­nt l’herbe : « c’est la meilleure solution, la plus écologique aussi. L’herbe ici est de bonne qualité : mais la production laitière est moindre. D’où l’intérêt de cette aide financière qui compense un manque à gagner » .

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Didier Roguet a rencontré le président du Parc du Perche Jean-Michel Bouvier, ainsi que Denis Guillemin, directeur et Claire Martine, chargée de mission MAEC/Natura 2000.

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