Le Perche

Alice, une lady sur les rails sarthois

Acquise par le départemen­t de la Sarthe en 1981, la locomotive classée aux Monuments Historique­s, pourra emmener des voyageurs à travers le départemen­t. Elle fêtera son centenaire le 4 juin.

- Pierre Veillé

Beillé. Alice est une vieille dame. Une belle locomotive anglaise Bagnall de Stafford de cent ans. Depuis trois ans, les bénévoles de la Transvap - associatio­n de Beillé qui participe activement à la sauvegarde du patrimoine ferroviair­e français - sont au petit soin pour son grand jour. Mardi 14 février, jour de la Saint-Valentin, elle est prête pour se montrer. Elle participe à l’effort de guerre

La locomotive voit le jour pendant la première guerre mondiale en 1917. Dès sa naissance, elle participe à l’effort de guerre pendant un an. Au placard jusqu’en 1931, Alice finit par reprendre du service pour la sucrerie Lejesne de Bihucourt dans le Pas-deCalais. Elle tire des wagons de betterave sur les plaines du Nord trente années durant.

En 1965, elle tape dans l’oeil de M. Salmon, un gentleman d’Abbeville, mais fini par être remisée dans un atelier SNCF à Lens. La cendrillon sommeille plus de 20 ans avant d’être rachetée en 1981 par le départemen­t de la Sarthe. Fatiguée, elle continue à tracter des wagons sur les rails de la Transvap avant de partir en restaurati­on. Des caprices

C’est en 2013, qu’elle recommence a se faire une beauté. « Il a fallu la reconstitu­er, c’était un vrai puzzle » , raconte Yves Bastin, président de l’associatio­n de la Transvap. Nouvelle chaudière, nouveaux réservoirs d’air comprimés, nouvelles roues… Alice reprend du poil de la bête.

Ce jour de Saint-Valentin, les bénévoles sont confiants. Il y a une semaine le train s’est remis à siffler sur les rails après 20 ans de sommeil.

Bleu de travail et casquette sur la tête, les cheminots enfournent le charbon dans le four pendant que la cheminée crache sa fumée. Branle-bas de combat Alice est timide. Tous les efforts sont faits pour qu’elle monte en pression mais rien n’y fait. Pour qu’elle puisse démarrer, il faut qu’elle monte à 4 bars minimum.

Les tubes à fumée à l’intérieur du corps de chauffe sont obstrués par la suie. On sort un goupillon géant pour nettoyer les conduits. La chaleur du four doit faire chauffer l’eau pour qu’elle se transforme en vapeur et ainsi faire monter la pression de la machine. Cheminots bénévoles

Autour de la bête humaine, bravant la fumée, les passionnés de la machine à vapeur sont aux petits soins. Ils sont 80 dans l’associatio­n pour faire vivre ce patrimoine. « Il y a un peu moins de la moitié des bénévoles qui sont des cheminots ou d’anciens cheminots. Il y en a une dizaine qui travaille pratiqueme­nt temps plein dessus » , assure Yves Bastin.

Rien à voir avec les trains électrique­s. Si Alice a du charme c’est en partie grâce à sa vieille mécanique : « On voit les roues bouger, vous avez quelque chose qui vit » , admire Guy Philipot, 82 ans, ancien apprenti SNCF et bénévole depuis 27 ans. Premiers tours de roue

Les minutes puis les heures passent et Alice ne bouge pas. Clouée sur les rails, la locomotive monte en pression doucement. Les invités sont impatients de la voir démarrer.

Certains sont lassés et filent à l’Anglaise devant la lady. Vexée, Alice fait remonter la pression grâce au travail des forçats du rail. La machine siffle pour donner son départ. La fumée blanche sort par la cheminée et les roues se mettent à tourner.

On pouvait l’imaginer, toute seule, abandonnée. Cent ans après sa naissance, Alice entame une nouvelle vie. Les touristes et les Sarthois pourront l’entendre siffler à travers la campagne.

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