Le Perche

Jean-Pierre, l’homme aux 29 marathons

Jean-Pierre Meyer. Cet homme - ou plutôt cet athlète - a terminé 29 marathons dans sa vie. Durant sa retraite dans le Perche, à 80 ans, il continue de courir.

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Nogent-le-Rotrou. « Si on ne fait pas de sport pour donner des années à sa vie, on peut espérer donner de la vie à ses années » . Bonnet sur la tête. Les chaussures enfilées. Dans un épais brouillard, JeanPierre Meyer apparaît. L’allure est lente. L’envie est encore présente dans chacune de ses foulées. Vous l’avez déjà (peut-être) croisé autour du plan d’eau de Margon. Cet homme de 80 ans, trois fois par semaine, « avale » deux tours du site, soit près de 6 km. Il se considère comme « un chanceux. Chanceux de pouvoir encore courir à mon âge. Bien sûr, j’ai des douleurs dans le genou. Mais elles ne m’empêchent pas de courir encore » avoue JeanPierre. Derrière cette foulée se cache un athlète. À son actif : 29 marathons ! Oui, 29 ! Sans compter la quarantain­e de semimarath­ons… « On m’a dirigé vers le lancer de javelot »

Tout commence au début des années 50. Cet Alsacien d’origine est à Paris, « en apprentiss­age. Un jour, vers 16-17 ans, je me trouve au stade Jean-Bouin. Je croise la route de Joseph Maigrot - athlète et éducateur français qui a particuliè­rement marqué l’histoire du sprint et des relais - qui m’interpelle. Il me demande de courir. Quand il a vu ma façon de courir, il m’a dirigé plutôt vers le lancer de javelot » s’amuse-t-il à raconter. Quelques années plus tard, il pratique la gymnastiqu­e. Et puis la course à pied va de nouveau lui faire…du pied. À l’Institut national des sports (INS) sur le site du bois de Vincennes - qui deviendra plus tard l’Insep quand il fusionnera en 1975 avec l’Ensep - il y avait un cross ouvert aux non licenciés, « j’ai voulu y prendre en part » . New-York, Londres, Paris…

Et quand Jean-Pierre se fixe un objectif, il fait tout à 200 % pour y arriver. Les séances d’entraîneme­nt s’accélèrent… Les cross s’enchaînent. Avant que le marathon de ses marathons débute. Son premier, « je ne me suis pas entraîné tant que ça. Je n’étais pas équipé non plus pour réaliser une telle performanc­e » . Pourtant, ces 42,195 km du marathon, il au stade Jean-Bouin. Je n’étais pas pistard pourtant. J’avais peur de faire tomber le bâton durant mon relais » se souvient Jean-Pierre. Il a - avec ses partenaire­s - ce jour-là, battu le record du monde. - « Quand je préparais mes marathons, et que je venais dans ma maison à Dorceau, je partais faire 32 km » . Passant par Condeau, Nogent et sa gare, le Tertre Masnier… - Saïd Lazaar, Jean-Pierre le connaît bien. « J’apprécie l’homme et l’athlète » explique-t-il. - Son dernier marathon « remonte à 1987 » croit-il se rappeler. les bouclera, « usé, fatigué. Il a fallu le soutenir à l’arrivée » se remémore sa femme, Jacqueline. Pendant une quinzaine d’années, il prend part à 28 autres nouveaux départs. L’emmenant à Londres, à NewYork, Niort, Lyon, Saint-Jeande-Monts… « Un dialogue puis un monologue »

« J’ai aussi participé à dixsept reprises au marathon de Paris et aux championna­ts de France vétéran… » . Encore mieux. En sept mois, durant l’année 81, il termine cinq courses ! Et fièrement, il dévoile avoir toujours passé la ligne d’arrivée « et 23 fois, je suis passé sous la barre des 3 heures ! » . Son record : 2 heures 48 minutes et 58 secondes le 20 mars 1983 en Essonne. Il se rappelle alors d’une prémonitio­n d’une personne qu’il avait croisée lors du kilomètre Berger à Charléty, « je l’avais réalisé en 2’58. Cette personne était sûre que je ferai moins de trois heures si je prenais part à des marathons. Il avait raison ! » . Avec sa force de caractère, il n’a jamais abandonné, « de toute manière, le marathon, les trente premiers kilomètres sont un dialogue, les douze derniers, un monologue… » . Ayant une maison secondaire à Dorceau - sa femme étant originaire du Perche - il vient s’installer à Nogent en 1994 pour prendre un commerce rue de la Herse avant de prendre sa retraite en 1998. Il continue toutefois de courir. Avec des amis, il tente les 17 km de Versailles. Pour la première fois, il franchit la barrière. Il devient entraîneur, « un entraîneur heureux car nous avions tous fini l’épreuve ! » . La Nojambée pour ses 80 ans ?

En 2015, Jean-Pierre participe au cross de la gendarmeri­e. Il donne un coup de main à la Nojambée, « que j’espère faire pour mes 80 ans et si mon genou me laisse tranquille ! » et au triathlon de Margon. Ce vendredi matin, il a encore effectué 6 km. Un bon échauffeme­nt, « car ce soir, je fais faire du tennis de table ! » . Un sport qu’il aime comme le tennis pour lequel il était licencié il y a encore peu de temps au TC nogentais.

Si un jour, vous croisez JeanPierre Meyer autour du plan d’eau, saluez-le, il le mérite !

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