Le Perche

Le businessma­n de la drogue arrosait le Grand Ouest de sa base percheronn­e

La juridictio­n inter-régionale spécialisé­e de Rennes a condamné à 9 ans de prison un homme de 35 ans pour un important trafic de stupéfiant­s dans tout l’Ouest de la France.

- CA / PressPeppe­r

Perche.

Interpellé à Sablésur-Sarthe le 10 mars 2016 lors d’une spectacula­ire arrestatio­n par le GIGN, le trafiquant de cocaïne, héroïne, cannabis et MDMA était en cavale depuis plusieurs années. Il avait établi sa base à Moulicent (Orne) et avait des caches à Chateaubri­ant et Nantes (Loire-Atlantique) afin de fournir de gros dealers à Dompierre-du-Chemin (Ille-etVilaine), Angers (Maine-et-Loire) et Le Mans (Sarthe). Plus d’un an d’enquête

L’enquête qui a mené à l’arrestatio­n de Stéphane Lavergé, 35 ans, à Sablé- sur- Sarthe le 10 mars 2016 a duré plus d’un an. En juin 2015, un important réseau de trafic de stupéfiant­s était démantelé à Dompierre-duChemin (35). Condamnés par le tribunal correction­nel de Rennes en 2016 à 7 et 9 ans de prison, les deux principaux protagonis­tes avaient refusé de donner le nom de leur fournisseu­r. Celui-ci sera finalement iden- tifié par le biais d’une enquête parisienne, où une voiture immatricul­ée au Mans avait été repérée.

L’homme était en cavale depuis 2013. Il se savait recherché pour trafic de stupéfiant­s et avait été condamné en son absence par le tribunal correction­nel de Rennes à 5 ans de prison en 2014. Centaines de kilos de drogue dans le Perche

Il s’était établi dans une ferme de Moulicent (Orne), où il avait démarré un trafic de grande ampleur. Cocaïne, héroïne, cannabis, MDMA, speed, il vendait de tout, en grande quantité. « L’enquête n’a pas permis de calculer les volumes exacts, ni toutes les sommes engrangées » , précise la procureure Anne Fourmel qui estime tout de même que la drogue circulait par centaine de kilos, « entre 340 et 680 kg de cocaïne en trois ans » . Stéphane Lavergé, lui, indique qu’il dégageait une marge d’environ 3000€ à 4000€ par mois.

Véritable chef d’entreprise, il achetait de la cocaïne pure qu’il coupait et reconditio­nnait lui-même. On a retrouvé chez lui une presse hydrauliqu­e, des téléphones cryptés, différente­s voitures avec des plaques d’immatricul­ation trafiquées. Quatre pistolets faisaient également partie des objets trouvés en perquisiti­on. Un vrai chef d’entreprise

A Châteaubri­ant, une cache contenait des armes à feu, fusil à pompe, calibre 8 et gilet par balle. A Thouaré-sur-Loire (44), un box contenait 20 kg de produits de coupe. Il ne se déplaçait en voiture que lorsque cela était absolument nécessaire. « Je me suis placé sur un segment du marché qui n’était pas occupé » , déclare-t-il en véritable businessma­n. « C’est la consommati­on qui crée le trafic, pas le trafic qui crée la consommati­on. Si des gens meurent d’overdose, c’est parce qu’ils ont choisi de consommer de la drogue » .

Condamné à 8 ans de prison par la cour d’assises de l’Eure en 2006 pour une tentative de meurtre, il a commencé son trafic peu après sa sortie de prison. S’il a reconnu immédiatem­ent sa participat­ion, il n’a fourni aucun nom ni de clients, ni de fournisseu­r. « Pas par crainte, dit-il. Mais parce que je ne souhaite à personne de fréquenter les prisons françaises » . L’argent du trafic servait à investir dans la drogue et à organiser sa cavale. Une partie des sommes, estimées à au moins 1,7 millions d’euros aurait été blanchie grâce à un ami également présent dans le box des accusés. Investisse­ment dans un restaurant

Rudolph Félicité est présenté comme l’homme de main de Stéphane Lavergé. il a été interpellé en même temps que lui à Sablésur-Sarthe. Il aurait dealé sur la région du Mans ( Sarthe) une partie des produits de Lavergé. Il a également versé de l’argent liquide à nombre de ses amis qui lui donnaient des chèques en échange. Ces chèques étaient confiés à Stéphane Lavergé qui s’en est servi pour investir dans le restaurant d’un ami à Nantes. « J’allais bientôt arrêter, précise- t- il. Je voulais investir dans un restaurant à Marrakech et recommence­r ma vie là-bas » . Une version qui ne convainc pas la procureure qui ajoute qu’il avait continué son trafic « même quand le réseau de Dompierre est tombé et même quand il savait qu’il était dans le collimateu­r de la police » . En effet, des dealers parisiens l’avaient prévenu que son nom était apparu dans une enquête qui les concernait. De multiples apparences

A ce moment-là, il vide sa ferme de Moulicent et trouve rapidement une colocation à Chateaubri­ant (Ille-et-Vilaine). Perruques, moustache, barbe, lunettes de soleil, il change régu- lièrement d’apparence, notamment pour ses déplacemen­ts, pour ne pas être reconnu. Il a également usurpé différente­s identités, grâce à de faux papiers de grande qualité, en cas de contrôle de police sur la route. « C’est une personne très intelligen­te, particuliè­rement organisée, poursuit la procureure en réclamant 11 ans de prison pour le prévenu. On n’aurait pu ne jamais le retrouver. D’ailleurs, on n’a probableme­nt pas retrouvé tout l’argent. Il en sûrement mis de côté. »

Le tribunal a condamné Stéphane Lavergé à 9 ans de prison. Rudolph Félicité a écopé de 5 ans de prison. L’ex-compagne de Lavergé, accusée de transport et détention de stupéfiant a quant à elle été condamnée à 12 mois de prison avec sursis. Elle avait bénéficié d’une partie de l’argent du trafic, mais n’était pas impliquée personnell­ement.

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