L’Hôtel du Tribunal change de mains
Odile et Jean-François Le Boucher, propriétaires depuis 24 ans de l’hôtel-restaurant situé place du Palais, à Mortagne-au-Perche, viennent de vendre à deux Rouennais.
Mortagne-au- Perche.
« Quand j’ai franchi la
porte, ça a fait tilt » . Ou plutôt « boom », dans son coeur. C’était en 1993. Odile Le Boucher venait de mettre un pied dans l’Hôtel du Tribunal. Une institution mortagnaise fermée depuis cinq mois, après une liquidation judiciaire. Qu’il y ait
« tout à faire » ? Peu importe ! Odile et son mari, Jean-François, ont signé. Vingt-quatre ans plus tard, pas de regrets. « Ça a été formidable, 24 ans de bonheur » , résume le couple.
Car l’heure est au bilan et aux adieux : vendredi 28 avril, les Le Boucher ont cédé les clés de la maison aux repreneurs Sylvain Ortis et Alexandre Canet (lire ci-dessous).
Cuisine gastronomique et terroir
L’Hôtel du Tribunal était en
vente depuis un an. « C’est un métier prenant, la restaura
tion. Nous sommes fatigués » , confient les quinquagénaires. Après ce « bon bout de chemin » , le couple aspire à « faire
un break » . Et l’offre de Sylvain Ortis et Alexandre Canet a été bienvenue. Les Rouennais ont visité l’établissement en septembre. Eux aussi, ont été frappés d’un coup de coeur. « Ils souhaitent conserver l’âme de la maison. Pour nous, c’est important » , glisse Jean-François Le Boucher.
Car la notoriété et la cote dont jouit l’Hôtel du Tribunal ont été façonnées et consolidées pendant ces 24 ans. La maison, plus que centenaire,
s’est notamment vue attribuer une « assiette » au guide Michelin, en 2016.
La recette du succès ? « Une cuisine davantage gastronomique, respectueuse de la saisonnalité des produits et mettant à l’honneur le terroir » . Pour durer, il est nécessaire de « se remettre en ques
tion, évoluer » . Car cuisiner c’est aussi surprendre. Briser les codes. Oser.
« La créativité et la touche personnelle du chef sont déterminantes. Si chaque service est différent, l’objec-
tif est identique : offrir du plaisir aux clients en quête
de convivialité » , commente Jean-François Le Boucher.
Pendant une quinzaine d’années, le patron a formé et vu évoluer Freddy Pommier (chef cuisinier). Une pépite, exerçant désormais à Caen (depuis décembre 2016). Un départ préjudiciable, pour le restaurant mortagnais ? « Non, le second a pris la place du chef. Jérémy Jourquin a été formé par Freddy Pommier pendant sept ans. Il continue à oeuvrer dans la même philosophie » .
L’Hôtel du Tribunal et ses noms de menus empruntés au langage judiciaire - Le Référé, le Premier jugement, le Verdict, etc. - a également su s’agrandir et se moderniser, côté hôtellerie. « Lorsque nous avons acheté, il n’y avait que quatre chambres. Aujourd’hui, il y en a 21 » .
Investissements réguliers
Des travaux réguliers ont permis à l’hôtel et au restaurant (36 couverts) de forger, un peu plus, son excellente réputa- tion. L’équipe de 14 personnes, étoffée au fil du temps par les patrons, est aussi un précieux atout, estimé par les nouveaux acquéreurs : « Ils reprennent l’ensemble des salariés » , se réjouissent les Le Boucher.
Pour les désormais ex-propriétaires, l’heure est au repos, à Mortagne-au-Perche. « Une ville où l’on a été chaleureusement accueilli » . Un brin nostalgique, le couple est toutefois heureux de « tourner cette grande page » . L’audience est levée !