Son directeur « viré », l’hôpital mobilisé
Marche dans Nogent, grève illimitée… Le centre hospitalier se mobilise pour que son directeur, Loïc Pennanech, puisse « poursuivre son travail » après avoir été licencié par l’Agence régionale de la santé. Explications.
Nogent-le-Rotrou. Rappelez-vous. Nous sommes vendredi 27 janvier. Comme à l’accoutumée, Loïc Pennanech, directeur délégué du centre hospitalier de Nogent-le-Rotrou, La Loupe et Châteaudun, avait adressé ses voeux à l’ensemble du personnel. Des voeux au goût amer. Décision de l’Agence régionale de santé
À la surprise générale, l’homme qui a réussi à redresser l’hôpital nogentais, s’était félicité des bons résultats mais avait aussi réglé quelques comptes. Notamment envers ses détracteurs. « Le temps qui a passé a rapporté la preuve qu’aucun choix n’était hasardeux […] Pourtant, certains nous accusent encore de ne pas servir les intérêts de notre territoire » lançait Loïc Pennanech. Ne s’arrêtant pas là : « Cet entêtement sans intelligence relève d’une ignorance nourrit d’une profonde bêtise. Mais bon, dans la bêtise, les imbéciles s’arrêtent rarement en chemin ». Laissant ensuite planer un doute sur son avenir au sein de l’hôpital nogentais, « j’ignore de quoi sera fait l’avenir mais il sera de toute évidence différent. Je ne vous ferai pas à ce stade de nouvelles promesses que je ne serai peut-être pas en mesure d’honorer… ». Se sentait-il menacé ? Sûrement. Trois mois plus tard, l’Agence régionale de la santé (ARS) prend la décision de le licencier. Une décision apprise par une lettre vendredi dernier. « Des incompétents qui virent le bon »
« Il sera remplacé par un nouveau directeur par intérim pour les trois établissements » explique Violetta Jauriac, présidente de la commission médicale d’établissement.
Cette situation inédite « a été provoquée par les importants blocages et divergences dans le projet de développement de nos trois sites avec la direction du centre hospitalier de Chartres » . Qui a amené à la sortie de la direction commune avec Chartres. Et du coup le licenciement de Loïc Pennanech, « car son contrat ne peut lui permettre de prendre la direction des trois établissements » . « Ils cherchaient une excuse »
Pour Violetta Jauriac, tout est clair : « l’ARS et le centre hospitalier de Chartres cherchaient une excuse pour le faire partir. Ils ont trouvé cette faille administrative » . Qu’il y ait eu des tensions avec la direction de Chartres, cela ne fait aucun doute. Et le couperet est tombé. Le centre hospitalier de Nogent et l’ensemble des agents ne comptent pas en rester là. « Il y a quand même dans la direction des gens incompétents qui virent le bon » . Car le travail de Loïc Pennanech est salué. Souvent par le maire, François Huwart qui lui a apporté son soutien à de nombreuses reprises. « Anéantir les efforts réalisés »
Également à l’hôpital, « notre directeur est une personne efficace, impliquée, dynamique. Durant ses sept années à Nogent, il a amélioré les résultats financiers, il a fait aboutir de nombreux projets (nouvelles urgences, la future maison de retraite, la maison de santé…). Il réussissait la même chose à La Loupe et Châteaudun » note Violetta Jauriac. Qui salue également « son management de façon coopérative, humaine, pertinente qui a permis d’établir un lien de confiance avec le personnel des trois établissements » .
Le message est donc clair, « nous voulons le retour de Loïc Pennanech. Qu’il lui propose le poste de directeur intérimaire le temps de régler ce problème statutaire. Pour qu’on puisse continuer à faire avancer les futurs projets » . Rejetant l’idée d’un remplaçant, « qui ne connaît rien de notre situation, ni notre façon de travailler dont l’arrivée pourrait anéantir tous les efforts réalisés » .
Hier, mercredi, une marche a été organisée en soutien à Loïc Pennanech. « Interpeller le Président »
Allant de l’hôpital à la souspréfecture où étaient conviés « les agents de l’hôpital, les médecins de la commune, les sapeurs-pompiers, les élus et les Nogentais » . Et dès lundi, « nous serons en grève illimitée ! » . La bataille ne fait que commencer. Elle sera longue. Mais la communauté médicale veut aller jusqu’au bout, « quitte même à interpeller le président de la République ! » .