B’O cuir, petit atelier au grand potentiel
Odile Bouet a quitté le secrétariat pour devenir sellier-harnacheur. Elle s’est installée dans les Ateliers Buguet, à La Chapelle-Montligeon, en mai 2014. Sa production d’articles en cuir sur-mesure flirte avec le succès.
La Chapelle- Montligeon.
Dans l’atelier d’Odile Bouet, on peut choisir son cuir, sa couleur, ses boucleries, ses dimensions… Installée depuis trois ans à La Chapelle-Montligeon (sur le pôle artisanal des Ateliers Buguet), la quinquagénaire, après une reconversion professionnelle, « se réalise » dans un « vrai métier » . Harnachement, maroquinerie
Ce qu’elle propose ? « Des bridons, licols, colliers de chasse, sangles, étrivières… » , liste- t- elle. L’artisan fabrique, mais pas seulement. Elle répare, réajuste. « C’est le cas avec les selles, qui doivent être adaptées aux dimensions du cheval » . Un savoir-faire en voie de disparition. Dans l’Orne, Odile Bouet est l’un des derniers artisans à être spécialisé dans l’harnachement. Mais elle ne se limite pas à l’équipement des équidés. Son autoentreprise - B’O Cuir - conçoit et commercialise de la maroquinerie : sacs à main, ceintures, porte- cartes, étuis couteaux, bracelets… Des réalisations laissant davantage place à la créativité, l’inventivité. « Je m’éclate » , résume Odile Bouet. « J’apprends à redécouvrir la matière, la valeur du travail » .
Le contact avec les clients est aussi source « d’épanouissement » . Au point que les 100 m2 d’atelier de la ChapelleMontligeon sont devenus sa « deuxième maison » .
Odile Bouet travaille pour les centres équestres et les particuliers. Ses créations originales séduisent notamment une clientèle parisienne. « Le bouche-àoreille fonctionne très bien » , se réjouit la Percheronne. Et le noyau de clients fidèles ne cesse de s’étoffer. Oser changer…
Un succès venant récompenser un pari un peu fou : changer de vie et se lancer à son compte, après 50 ans. La reconversion professionnelle est le corollaire d’une quête de meilleure qualité de vie, entamée en 2003. À cette date, Odile Bouet dit adieu la région parisienne pour s’installer à Corbon (à 10 km de Mortagne). L’idée de quitter le secrétariat (après 20 ans) pour un travail manuel finit par s’im- poser. « J’ai toujours eu envie de créer avec mes mains. Une amie qui s’était lancée dans l’artisanat m’a fait découvrir le cuir. Ça a été une révélation » , confie l’Ornaise.
Après une semaine d’initiation au haras du Pin (en 2010), Odile Bouet franchit le pas et suit une formation d’un an au haras de la Roche-sur-Yon. Une « école de l’excellence » où elle reçoit les cours d’un maître sellier. En 2012, elle est diplômée du CAP sellier-harnacheur. Un socle qu’elle complète avec une formation (auprès d’un artisan créateur) en maroquinerie. Pour être capable de « répondre à un maximum de demandes » , la quinquagénaire acquiert également les techniques de sellerie- garnissage ( elles permettent, notamment, la fabrication de siège automobiles). Comblée et prolifique
Une diversité qui plaît. Dans l’atelier où « tout est cousu main » et où le stock n’existe pas, l’artisan a parfois du mal à faire face. Mais, baignée dans l’odeur - si particulière - du cuir, et entourée de ses vieux outils ( griffe à molette, couteau à pied) Odile Bouet est comblée et prolifique. « Ce ne sont pas les idées qui manquent. Je n’aurai pas assez d’une vie pour tout faire » .