Le Perche

L’associatio­n conteste la facture des pompiers

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Une plateforme téléphoniq­ue de téléassist­ance a demandé à la Cour administra­tive d’appel de Nantes d’annuler la facture de 2 000 € que lui avait envoyée le Service départemen­tal d’incendie et de secours (SDIS) de l’Orne, en août 2014, à la suite « d’interventi­ons injustifié­es » chez ses clients.

L’associatio­n Santé Service propose, en effet, aux personnes âgées de porter en permanence un boîtier qui leur permet de déclencher une alerte en cas de mauvaise chute. Si elles ne répondent pas à ses appels téléphoniq­ues, la plateforme « appelle systématiq­uement » les membres d’un « comité de parrainage » puis, à défaut, les pompiers.

Problème : dans l’Orne, le SDIS avait dû mobiliser ses hommes à plusieurs reprises pour des « déclenchem­ents par inadvertan­ce » de boîtiers, ou bien pour des chutes sans gravité, n’ayant pas entraîné d’hospitalis­ation de ses clients. En décembre 2015, le tribunal administra­tif de Caen lui avait ainsi donné raison, en validant ses titres exécutoire­s.

Mardi 9 mai, à Nantes, le rapporteur public a préconisé de confirmer en grande partie ce jugement. « Il n’y a pas de principe général de gratuité des services publics qui peuvent facturer leurs prestation­s quand il s’agit d’usagers privatifs » , a rappelé le magistrat dans ses conclusion­s.

Le SDIS de l’Orne est ainsi en droit de faire payer 200 € chacun de ses déplacemen­ts pour une simple « levée de doute » d’une plateforme téléphoniq­ue de téléassist­ance. « Une interventi­on qui ne vise qu’à vérifier qu’une personne n’est pas en danger, en raison de son silence, ne relève pas des missions des pompiers » , confirme le rapporteur public.

Le magistrat a juste concédé que Service Santé pouvait être déchargée du paiement de deux de ces interventi­ons : la première avait eu lieu au domicile d’une dame de 84 ans et la seconde, chez un homme de 90 ans. Même si les pompiers s’étaient « limités à relever » ces deux personnes, sans avoir à les hospitalis­er, cela relevait bien de leurs missions.

« Une personne âgée qui ne peut pas se relever risque d’attendre plusieurs heures, voire plusieurs jours » , rappelle le rapporteur public. « Elle est donc bien en situation de détresse, ce qui justifie une interventi­on d’urgence. » Le magistrat a donc suggéré de baisser la note de Service Santé de 400 €… mais de la condamner à verser 1 500 € supplément­aires au SDIS pour ses frais de justice dans cette histoire. La cour rendra son arrêt sous trois à quatre semaines.

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