Le Perche

Comment valoriser et profiter de la route solaire ?

Inaugurée en décembre 2016, la route solaire de Tourouvre a bénéficié d’une couverture médiatique internatio­nale. Attire-t-elle pour autant les touristes ?

- Raphaël Hudry

Tourouvre-au- Perche.

En français, en anglais ou encore en espagnol. Publiés en décembre 2016, janvier, mars ou avril dernier, les articles sur la route solaire de Tourouvre circulent encore sur internet, provenant de médias variés. Preuve que l’engouement pour cette première mondiale ne s’est pas encore éteint.

Sur les réseaux sociaux, on voit également régulièrem­ent passer des photos prises par des particulie­rs en visite sur cette fraîche portion de route. Aux premières loges, les deux concession­naires automobile­s confirment, au moins une fois par semaine pour Renault, environ une fois par jour pour Peugeot. Une chose est sûre, « la route solaire amène des curieux » . « Où est-elle, s’il vous plaît ? »

L’Office de tourisme de Tourouvre, ouvert seulement depuis le 1er mai dernier, n’a pas encore pu mesurer son impact touristiqu­e. Toutefois, Fabienne Demeule, agent d’accueil, a bien reçu un couple d’Américains qui revenait de la route.

Du côté des Muséales, AnneClaire Fillâtre, la responsabl­e, a reçu une classe ornaise, qui, ne sachant que voir dans le secteur après le musée, s’est laissée tenter par la route solaire. Comme pour d’autres visiteurs. « Ils ne viennent pas exprès pour la route solaire, mais ils y vont après, détaille-t-elle. D’autres en ont entendu parler mais ne viennent pas forcément à Tourouvre. » Peut-être des touristes potentiels ?

Les commerçant­s tourouvrai­ns, eux, sont plus mitigés. Certains, dont la fleuriste, la maison de la presse ou la supérette n’ont pas remarqué de changement. D’autres ont effectivem­ent reçu des visiteurs ne sachant pas où trouver cette nouvelle attraction, comme à la pharmacie, aux boulangeri­es, ou à Sylvie retouches.

Cela montre qu’il faudrait probableme­nt indiquer la route solaire. Justement, les élus du secteur discutaien­t il y a quelques semaines de la possibilit­é d’installer des panneaux pour améliorer sa visibilité. Une bonne dynamique

C’est également l’avis de l’Hôtel de France de Tourouvre, qui reçoit des délégation­s officielle­s, des journalist­es du monde entier ( Chinois, Japonais, Brésiliens, Belges, Africains…), des technicien­s du groupe Colas venus surveiller cette « route test » et, bien sûr, des touristes. « Il y a déjà eu le label Village étape [en 2014, NDLR], maintenant les gens font le lien avec la route solaire, estime Hervé Leclercq, gérant de l’hôtel. Et il ne faut pas oublier l’abribus solaire, qui a un énorme potentiel. Nous sommes dans une bonne dynamique. »

Sans oublier que cela a donné une bouffée d’air à l’entreprise tourouvrai­ne SNA, en difficulté financière et placée en redresseme­nt judiciaire en septembre 2015, qui fabrique le revêtement en panneaux photovolta­ïques. Exclusivit­é limitée

Deux autres chantiers sont d’ailleurs en tests en région parisienne Boulogne- Billancour­t et Issy- les- Moulineaux. Cela pourrait-il porter un coup à la renommée naissante de Tourouvre dans ce domaine ? Comme Christian Duguet, viceprésid­ent délégué de l’associatio­n qui gère l’office de tourisme de Tourouvre, l’estimait dans nos colonnes en mai dernier, « la route solaire c’est bien, nous sommes premiers, mais une fois que ce sera répandu nous perdrons cet avantage. »

Ce qui n’est pas de l’avis d’Hervé Leclercq, gérant de l’Hôtel de France. « Ségolène Royal a fait en sorte que la route soit là où elle est fabriquée, c’est là où l’histoire a commencé, on ne pourra pas nous l’enlever » , souligne-t-il.

La route solaire semble faire peu à peu son chemin pour devenir un incontourn­able à voir à Tourouvre. A voir si la première saison estivale apportera son lot de « touristes solaires ». Pour l’instant, « ils demandent où est la route mais ils ne restent pas » , regrette une boulangère. Le défi sera de la valoriser, peutêtre sous forme de circuits touristiqu­es, pour en faire l’une des plus belles vitrines que la commune aurait pu espérer.

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