Le Perche

Leur combat pour leur fille Aloïsia

Âgée de 4 ans et demi, la petite fille est atteinte du syndrome de Coffin-Siris. Cette maladie génétique rare méconnue touche une centaine de personnes dans le monde.

- Pierre Veillé

« C’est impression­nant ce qu’on a vécu » , commence à raconter Fabrice Simon, papa d’Aloïsia, et habitant de Vouvray-sur- Huisne. Atteinte du syndrome de Coffin- Siris, cette petite fille pétillante, au regard perçant, désarme. Elle est « originale », dit son père, tout comme son prénom, tiré de la comédie musicale Mozart l’opéra rock.

Séverine Rhétat est enceinte de 7 mois lorsque l’on détecte à la petite qui va naître une pathologie cardiaque. « On a réalisé des examens à Paris et on nous a dit qu’il fallait attendre la naissance » , raconte sa mère. Mis a part la détection de cette pathologie, la grossesse a été « normale et l’accoucheme­nt aussi » . Le premier mois se passe bien jusqu’à ce qu’Aloïsia fasse un malaise dans leur maison. La petite mange peu, régurgite pratiqueme­nt tout et « la courbe de poids ne progressai­t pas bien » .

Incertitud­es

Elle est hospitalis­ée. Les médecins diagnostiq­uent une malformati­on du larynx et du pharynx. Elle reçoit un traitement et ils rassurent les parents : « En grandissan­t tout va rentrer dans l’ordre » . À l’hôpital Clochevill­e de Tours on découvre un oedème à l’oesophage. La petite est sujette aux constipati­ons dues à une malformati­on anale.

Aloïsia est la troisième enfant de Séverine Rhétat : « Je savais que quelque chose n’allait pas » . Fabrice, le papa, se rassure comme il peut : « J’étais dans le déni. Je me disais qu’elle était en retard » .

Pour mieux comprendre le mal qui touche leur fille, ils vont voir un généticien à Tours. Le verdict tombe : « syndrome de Cornelia de Lange » . Les parents contactent une associatio­n qui les redirige vers un médecin spécialisé dans cette pathologie. La spécialist­e est surprise car la petite « n’a pas les symptômes très marqués » . Il y a des similitude­s et l’incertitud­e persiste.

Peu d’informatio­ns

En 2015, ils se rendent à une conférence sur Cornelia de Lange au Portugal et rencontren­t quatre généticien­s : « Ils nous ont dit qu’on faisait fausse route » . Après analyse de sang, coup de théâtre : Aloïsia est atteinte du syndrome de Coffin Siris. « J’ai vécu ça comme un soulagemen­t. Enfin je savais » , se souvient la maman. Le papa est sous le choc : « Je me disais « ma fille est malade » ».

Il existe très peu de personnes atteintes de cette maladie dans le monde : « On n’a pas de référence. On ne sait pas comment faire et il y a très peu d’informatio­ns sur cette maladie » . Pourtant, face à cette pathologie inédite, ils se battent pour que leur fille progresse car « la prise en charge précoce est très importante » . Aloïsia est suivie par une orthophoni­ste, une psychomotr­icienne et un kiné. En tout elle a cinq rendezvous par semaine.

Un combat

Le chemin fut long pour obtenir ces spécialist­es. Face au caractère exceptionn­el de sa maladie, certains médecins ne se mouillent pas : « On a dû se battre pour des choses tout le temps. Dans des centres spécialisé­s on nous a dit qu’il n’y avait pas de place » .

Comme tous les enfants, Aloïsia a besoin de s’exprimer. Elle a pris du retard à cause d’une malformati­on de son cerveau. L’orthophoni­ste a mis en place la méthode Makaton, mêlant signes, symbole et pictogramm­es pour l’aider à communique­r. Aujourd’hui, le travail paye : « On a des résultats. Au niveau communicat­ion, elle a progressé. Elle est épanouie, a le sourire » .

Elle prononce quelques mots simples et se fait comprendre avec la cinquantai­ne de signes qu’elle a appris. Une petite victoire dans ce combat de tous les instants : « Tout le monde veut le meilleur pour ses enfants. Notre volonté est qu’elle soit autonome et donner le maximum pour cette enfant exceptionn­elle » .

Les deux parents ont réussi à fédérer seize familles et ont organisé un week-end d’informatio­n dans leur village. Ils ont voulu les informer sur la nécessité de la prise en charge précoce. Bientôt une associatio­n verra le jour pour les aider et mieux faire connaître la maladie : « Certains se renferment et laissent leur enfant de côté. Si on ne se bat plus pour notre fille, qui va le faire ? »

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Les deux parents et leur petite fille se battent depuis 4 ans et demi. Aujourd’hui, Aloïsia progresse.

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