Le Perche

Des Percherons au festival de métal

Rassemblem­ent incontourn­able pour la communauté de fans de metal, ou metalleux, la 12e édition du Hellfest s’est achevée lundi 19 juin. Ambiance, évolution, clichés, critiques… Témoignage­s de quelques Percherons qui ont fait le déplacemen­t « en enfer » .

- Raphaël Hudry

Perche. Ils s’étaient préparés depuis des semaines, voire plus. Ils sont partis des quatre coins de la France et du monde et se sont retrouvés à Clisson ( Loire- Atlantique) du 15 au 18 juin pour le Hellfest, « fes

tival de l’enfer » . Imaginez, une ville de 6 000 habitants qui accueille plus de 150 000 personnes le temps d’un week-end. Cela laisse rêveur.

Depuis 2006, le Hellfest s’est imposé comme l’un des plus grands festivals de musique en France et l’un des plus importants consacrés aux « musiques

extrêmes » en Europe. Ce nom barbare englobe le metal (sans accent), lui- même dérivé du rock, composé de multiples sous-genres plus ou moins violents. De nombreux artistes à l’affiche évoluent en effet dans un style rock, hard rock, ou punk, comme les mythiques Aerosmith et Deep Purple cette année et en 2014, les Guns N’ Roses en 2012, Kiss en 2013, Les Wampas en 2015, ou encore Foreigner l’année dernière (les auteurs originaux de la chanson I Want to Know What Love Is).

Hormis ces groupes grand public, le Hellfest est considéré comme « La Mecque du metalleux » , un pèlerinage obligé pour les fans de metal. Plusieurs Percherons étaient d’ailleurs de la partie à Clisson cette année, et d’autres y sont déjà allés plusieurs fois. Ils ont des profils variés. Le Disneyland du metal ?

Originaire de Mamers, Max, 25 ans, commercial sédentaire à Paris, y était pour la quatrième fois. Fan de punk hardcore et de metal symphoniqu­e, il a couvert le festival pour une webradio dont il est rédacteur en chef. Ce qu’il apprécie, c’est « l’ambiance et les groupes, dont certains passent assez rarement. C’est le rassemblem­ent d’une communauté qui ne partage par forcément les mêmes goûts musicaux. »

Comparant avec d’autres festivals du genre en France ou à l’étranger, il estime que « le Hellfest a une aura différente pour tout ce qu’il y a autour comme décors, il y a du changement chaque année ». Un choix esthétique qui vaut aussi au festival d’être qualifié de « Disneyland » , un parc d’attraction­s qui attire, par curiosité, de plus en plus de touristes non-metalleux. Au grand dam des fans de la première heure.

Illustrati­on avec Gaëlle, 33 ans, serveuse originaire de Mortagne- au- Perche. Cette amatrice de punk rock est allée trois fois au Hellfest, mais pas cette année. « C’est un festival unique en son genre, je pense, reconnait- elle tou- tefois. C’est un lieu, une ambiance, tant qu’on n’y est pas allé, on ne peut pas comprendre. Mais, malheureus­ement, on trouve qu’il perd un peu son âme avec tout le tapage fait autour de lui. Je connais quelques Percherons qui ont pu aller aux toutes premières éditions et qui n’iront plus car c’est devenu le « Disneyland du metalleux ». Maintenant, il vaut mieux un Motocultor festival ! [ Un autre festival français plus modeste, NDLR]. » Max comprend cette critique, mais « cela ne me dérange pas car rien ne se fait au détriment de la musique, il ya à boire et à manger dans tous les styles ».

C’est également l’avis de Jimmy, 30 ans, photograph­e indépendan­t originaire de SaintMarti­n-du-Vieux-Bellême et habitant à Mortagne. Préférant le vieux rock, il ne se considère pas comme amateur de musiques extrêmes mais il s’est pourtant rendu au Hellfest pour la première fois avec sa soeur et un ami. « Cela faisait longtemps que j’avais envie d’y aller et cette année était la bonne, se souvient-il. Je suis très fan d’Aerosmith avec ma soeur, et c’était leur seule date en France. » Groupes légendaire­s

« A 26 ans, j’ai déjà vu pas mal de groupes légendaire­s grâce au Hellfest, qui ne tournent plus par exemple comme Black Sabbath, ajoute Pauline, infirmière, qui y est allée cette année encore. J’ai aussi fait énormément de découverte­s musicales. »

Plutôt adepte du heavy me

tal, elle loue la « générosité de la part des festivalie­rs, la solidarité aussi, c’est vraiment incroyable… Pour décrire le Hellfest, je dirais que c’est trois jours de partage. C’est un autre univers, c’est la liberté de vivre ma passion. Cela casse les stéréotype­s sur

les metalleux, sur ce genre de musique rarement compris. Les gens n’aiment pas, sans écouter, persuadés qu’il n’existe que le death metal avec une voix gutturale. »

Depuis 2010, sa première participat­ion, Pauline a pu noter

l’évolution du festival. « C’était plus petit donc peut- être moins confortabl­e aussi, il y avait moins de scènes, moins de décoration­s. Je pense que le Hellfest est beaucoup trop surpeuplé maintenant. L’attente pour entrer dans le festival est interminab­le à certaines heures, parfois on n’arrive pas à voir les groupes ou encore à se déplacer entre les scènes tellement il y a de monde. »

De son côté, Alexandra, assistante d’édition de 23 ans, était au Hellfest pour la seconde fois. Originaire de Ceton et habitant à Rennes, elle apprécie « la programmat­ion très riche et l’ambiance particuliè­re, c’est comme un petit village. C’est l’un des festivals avec les gens les plus chaleureux que j’ai rencontrés ».

A noter que, comme l’année dernière, Lisa, tatoueuse au salon Le Treize à Mortagne-au-Perche, a fait partie des tatoueurs officiels du festival pour graver la peau des festivalie­rs pendant le week-end. Effectivem­ent, le tatouage fait partie des clichés accompagna­nt cette communauté. Parfois, il s’avère juste.

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Alexandra (à droite) apprécie « la programmat­ion très riche et l’ambiance particuliè­re ».
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Préférant le vieux rock, Jimmy s’est rendu au Hellfest pour la première fois avec sa soeur et un ami.
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