De l’or dans vos poubelles
Un rappel ne faisant pas de mal, mieux trier vos déchets permet de ne pas augmenter votre facture d’ordures ménagères, voire de la réduire. Explications avec Richard Rousseau, le directeur du Smirtom de la Région de L’Aigle.
Perche.
Plus vous triez, mieux c’est. Pas seulement pour la planète, mais aussi pour votre facture.
En effet, l’augmentation du tri en quelques années, dont 7 % de plus depuis l’année dernière, a permis au Smirtom de L’Aigle de ne pas augmenter la taxe d’ordures ménagères. Ce syndicat d’ordures ménagères couvre 13 000 foyers dans 39 communes, dont cinq dans l’ancienne CDC de Tourouvre. « Depuis 2010, nous avons maintenu le niveau de la taxe d’ordures ménagères malgré la hausse générale des charges, grâce au bon fonctionnement du tri, souligne ainsi Richard Rousseau, directeur du Smirtom de L’Aigle. Pour le tri il y a des aides, dont « Eco-emballages ». Si tout le monde s’y mettait, on pourrait faire baisser la facture. » Taxe éco-emballages, kezako ?
Cette taxe « Eco- emballages », d’une certaine manière, vous en payez une partie. Fonctionnant selon le principe du pollueur-payeur, elle est demandée par l’éco-organisme éponyme agréé par l’Etat. Ce sont les fabricants et vendeurs d’emballages qui doivent s’en acquitter et plus il y a d’emballages, plus ils participent financièrement. Sauf, que, vous vous en doutez, les industriels ont compensé en augmentant le prix de vente des produits que vous achetez. C’est infime pour un paquet de gâteaux ou un vêtement, et de l’ordre de 1 ou 2 euros pour un meuble.
Une partie des fonds récoltés par cette taxe est conservée par Eco-emballages pour ses frais de fonctionnement (masse salariale, accompagnement des syndicats, harmonisation des consignes de tri au niveau national…), et une autre est reversée aux syndicats comme le Smirtom. « Les syndicats ont un contrat avec Ecoemballages, nous nous engageons à choisir des repreneurs agréés de matières traçables, à bien déclarer les tonnes de déchets et communiquer sur le tri… » , poursuit Richard Rousseau. En clair, transparence et traçabilité. Un effet positif…
Cette taxe Eco-emballages a eu un effet positif sur les matières utilisées. Vous êtes-vous ainsi rendus compte que les déodorants sont désormais plus petits pour la même quantité, ou que certaines bouteilles en verre sont plus légères ? « Pour la plupart, les industriels jouent le jeu, constate Richard Rousseau. La taxe les a incités à réduire les emballages. Les consignes de tri sont également bien présentes sur les produits. Mais cette contribution ne permet pas de couvrir l’intégralité de la taxe des ordures ménagères. C’est aussi au consommateur de choisir s’il veut plus ou moins d’emballages. » … Incertain en 2018
Cependant, selon le directeur du Smirtom aiglon, les syndicats sont dans le flou quant à l’avenir de ce système. A partir de 2018, un nouvel éco-organisme également agréé par l’Etat, baptisé « Léko », fera son entrée sur le marché jusqu’en 2022 minimum. Dès l’année prochaine, « les industriels auront le choix entre deux organismes, y a-t-il un risque que la taxe soit moins incitative avec cette concurrence ?, se demande Richard Rousseau, soulignant que les barèmes sont pourtant cadrés et fixés par l’Etat. Si les industriels participent moins, nous avons peur que les administrés payent plus car la taxe des ordures ménagères est la dernière variable d’ajustement. »
En attendant, le directeur du Smirtom rappelle que le tri dans la région de L’Aigle est encore « en dessous de la moyenne » . « Nous allons implanter d’autres points de collecte vers le centre-ville et développer la communication, ajoutet-il. Nous constatons que, dès que nous communiquons, cela a un impact positif. Pour aller dans le bon sens, il faut trier encore plus. » A titre d’exemple, le Smirtom souligne qu’ « une tonne de déchets recyclables non triés vous a coûté 203 euros en 2015, alors que si ces déchets avaient été déposés dans les bornes de tri, cette même tonne ne vous aurait coûté que 31 euros ». Le message est passé, à vous de jouer.