Le Perche

Le Normand Thierry Arbogast signe la photograph­ie de Valérian, film de Besson

Luc Besson vient de terminer sa méga production Valérian, le film le plus cher de l’histoire du cinéma français. La photograph­ie est signée du Percheron Thierry Arbogast.

- Laurent Rebours

L’homme est rare, et d’ailleurs sitôt posé quelques heures à Rémalard à l’occasion du Festival Jeunesse tout courts, répondant à l’invitation de son organisatr­ice Anne Revel-Bertrand, qu’il quitte le Perche pour Paris où il est actuelleme­nt sur un tournage. Il faut dire que Thierry Arbogast fait partie des directeurs de la photograph­ie les plus convoités dans le monde. Entre la Chine et Rémalard

Thierry Arbogast a fait un saut dans le Perche, où il habite, pour y présenter un moyen-métrage de la réalisatri­ce de Hong-Kong, Alon Chan, Southern Edge Of The Cloud (Lettres d’été du lac en français) où il a eu en charge la direction de la photograph­ie comme il l’explique :

Sur cette oeuvre qui devait originelle­ment être un court-métrage et qui, finalement est devenue un moyen-métrage de quarante-quatre minutes, nous avons totalement tourné en Chine. Le défi était que je filme un road movie alternant des plans d’extérieur et d’intérieur. J’ai utilisé un Sony Alpha 7s avec des optiques anamorphiq­ues. Nous sommes en qualité très haute définition et en cinémascop­e. Malgré une météo exécrable ce film est réussi, très poétique, et il a déjà remporté beaucoup de prix partout dans le monde ».

Entre-deux, Thierry Arbogast a travaillé sur un projet horsnorme, délirant. La méga production de science-fiction de Luc Besson : Valérian et la Cité des mille planètes. Tout simplement le film le plus cher de l’histoire du cinéma français avec 197 millions d’euros de budget !

Le tournage de Valérian s’est terminé il y a quelques semaines pour une sortie hexagonale prévue le 26 juillet prochain. Un prochain carton au box-office espéré au regard de l’investisse­ment titanesque. « Et le travail sur le film l’a été tout autant, ce sont tout de même vingt-cinq semaines de tournage ». Pour cette réalisatio­n de science-fiction la technologi­e digitale a été poussée dans ses retranchem­ents. Le travail du directeur de la photograph­ie aussi :

Je ne suis pas nostalgiqu­e de l’argentique et des vieilles techniques même si je serais capable de m’y remettre s’il le fallait. C’est certain en revanche qu’il faut s’adapter à ces technologi­es qui évoluent en permanence, mais nous avions déjà été bien rôdés sur Le cinquième élément !» Une vraie complicité avec Luc Besson

Avec le réalisateu­r Luc Besson qui a posé aussi ses valises dans l’Orne, la collaborat­ion est de longue date :

C’est une grande relation de travail, il est très fidèle. Il a son style bien propre, il cadre, fait son découpage et, avec lui, j’ai toute la latitude pour créer la lumière en suivant l’histoire ».

Thierry Arbogast a travaillé en effet sur Nikita, Léon, Jeanne d’Arc, Angel A… Le cinquième élément lui a valu le César de la meilleur photograph­ie, récompense qu’il a décrochée à deux autres reprises pour Le hussard sur le toit et Bon voyage. Il n’a jamais quitté son Perche

Natif de Nancy, Thierry Arbogast arrive dans le Perche à l’âge de 4 ans à Nogent- le- Rotrou (Eure-et-Loir) et Dancé. Il ne quittera jamais la région et rencontrer­a même sa femme à SaintPierr­e-la-Bruyère. « J’ai acheté une maison dans le Perche mais aussi un appartemen­t à Paris, plus pratique pour le travail ».

La passion du cinéma, il l’attrape à l’âge de 12 ans. Un vrai déclic. « Je savais que je voulais toucher à une caméra et à la photograph­ie ». Dans les années 80 il rouvre la salle de Rémalard, première salle classée art et essai en Normandie, qu’il tient durant deux années. « ça m’a permis de survivre déjà car, comme assistant débutant, je gagnais peu » mais surtout il se nourrit de films et se forge sa culture cinématogr­aphique.

Il admire tout particuliè­rement des maîtres comme Vitto- rio Storaro – Apocalypse Now – ou Gordon Willis – Le Parrain – « qui sont à l’origine de toute la photograph­ie moderne ». L’homme de la lumière et des ombres

Directeur de la photograph­ie ? Un vocable qui parle peu au grand public. Pourtant un rôle clé dans un film comme l’explique Thierry Arbogast :

A l’intérieur d’un film l’image existe. Il faut la créer par la lumière, par le cadre, par ce que l’on y met dedans. On écoute le réalisateu­r et on concrétise ce qu’il a dans la tête. Kubrik par exemple était de ceux qui savait très précisémen­t ce qu’ils voulaient, Luc Besson aussi. A l’inverse, d’autres ont une énorme attente mais, dans les deux cas, on s’adapte à la personne et à son univers. On peut d’ailleurs parfaiteme­nt reconnaîtr­e un réalisateu­r rien qu’à la photograph­ie. »

Le temps d’une interview et Thierry Arbogast repart allonger l’impression­nante liste de ses collaborat­ions, entre deux séjours percherons.

 ?? (© Laurent Rebours). ?? Thierry Arbogast est l’un des directeurs de la photograph­ie les plus convoités dans le monde. Il vient de terminer Valérian, énorme production de Luc Besson et, entre deux tournages, aime se ressourcer dans son Perche
(© Laurent Rebours). Thierry Arbogast est l’un des directeurs de la photograph­ie les plus convoités dans le monde. Il vient de terminer Valérian, énorme production de Luc Besson et, entre deux tournages, aime se ressourcer dans son Perche

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