La fermeture de l’école du Pin : histoire d’un gâchis…
Michel Ganivet a pris la plume pour livrer son ressenti sur la fermeture de l’école Auguste-Chartier, située au Pin-la-Garenne.
« Ce soir, j’en ai gros sur le coeur. Le groupe scolaire de mon village, superbe réalisation inaugurée en 1954, au temps où on bâtissait solide, va fermer. J’ai pensé un instant me mettre en colère en apprenant la nouvelle de ce gâchis supplémentaire dans une France rurale qui « fout l’camp », j’ai pensé adresser une volée de bois vert aux pouvoirs publics qui tiennent un double langage en vantant les charmes de la campagne et en la flinguant en douce au nom de la rentabilité, de l’équilibre des finances, voire parfois en décernant un froncement de sourcils condescendant vers ces oubliés qui se mettent à voter pour des partis extrêmes. Sommes-nous encore quelque chose ?
Pour un modeste citoyen, contribuable, attaché à son village, il serait sans doute bien prétentieux de s’en prendre à des autorités qui « s’y connaissent » et qui, à ce titre ont tous les droits. Sommes-nous encore quelque chose, nous qui osons encore nous déplacer pour aller voter et tenter de faire vivre, avec nos associations locales, ce qui reste d’une société rurale condamnée à satisfaire le besoin en exotisme d’urbains qui se pâment devant les charmes de nos paysages ? Qui sommes- nous encore, êtres d’un autre âge sans doute, pour aller pousser la porte de nos derniers commerçants harcelés par une réglementation qui les incite plutôt à baisser leur rideau ?
Je me pose en effet la question sans attendre de réponse. Elle ne viendra pas de ceux qui ont pris la décision, réfugiés derrière des montagnes de dossiers embarrassants, d’écrans d’ordinateurs rutilants, prompts à traduire en équation, à calculer, à évaluer, finalement à rayer de la carte toute une histoire, tout un passé sans intérêt puisque comptablement déficitaire.
Mes pensées sont allées aussitôt à ces générations d’institutrices et d’instituteurs qui se sont succédé dans notre village depuis la Révolution, à celui-là qui, ce jour de 1943 osa tenir tête à deux sbires de la Gestapo venus arrêter en pleine classe deux enfants juifs, à ce maire généreux qui fit don du terrain où est construit le groupe scolaire qui porte son nom, à ces instants vécus en 2004, lors du cinquantenaire de la construction…
Nos élus eux aussi sont amers. Ils cherchent des solutions. Je leur souhaite bien du courage tout en gardant un petit espoir. J’aimerais ne plus croire en la fatalité, ni au déclin de nos villages ».