Disparition d’Alfred Thomelin : une existence riche et mouvementée
Figure de Bazoches, Alfred Thomelin était le président d’honneur des anciens combattants de la commune et président départemental des victimes de guerre des PTT.
Bazoches-sur- Hoëne.
Sa dernière apparition remonte au repas des anciens de la commune, le 11 novembre 2016.
Né en juin 1917 à Rennes, Alfred Thomelin est orphelin à 7 ans de mère et à 9 ans de père. Il est alors confié à un oncle, Louis Gillet, ingénieur mécanicien dans une mine d’or à Penaroya (Argentine) puis muté en Tunisie à Mégrine.
Elevé au collège Emile-Loubet de Tunis, le directeur lui apprit comment gagner de l’argent en portant les paquets des courses contre de jolis pourboires.
Avec son Brevet supérieur, Alfred revient à Rennes. Rencontre avec Hemingway…
En 1937, il passe avec succès les concours de PTT, Police et SNCF. Sportif et costaud, il présente aussi à la Préparation militaire à Coëtquidan et s’enrôle un an dans les Brigades Internationales en Espagne. Dans son groupe « Louise » , qui comportait une dizaine d’hommes, chacun avait un surnom il était
« Alfredo Vivente » . Il croise un Américain avec lequel il converse en allemand, bribes de langue qu’il connaissait, apprises à l’école de la République. Il apprend plus tard que c’était l’écrivain Ernest Hemingway. C’était une figure qui marque. Il lui dit un jour : « Wenn du ein tag hörst, wird der Zug drei mal pfeifen. » ; « Quand tu entendras le train siffler trois fois »
… À la fin de la guerre il put s’enfuir avec son « Posten » , ils arrivent à Fulda en Hesse où après une méprise de la part des Américains ils sont sortis du Polder. Le vieux « posten » quinquagénaire antinazi est embauché aux cuisines américaines. Alfred refuse d’être réincorporé (8 ans de vie militaire et de stalag). Il accepte un poste d’un an de PTT aux Armées à Danang en 1952 pour l’Indochine (sur le croiseur Suffren, Suez Djibouti, Saïgon). Il a connu une existence riche et mouvementée.
Il a connu sa future épouse, Annick, en Métropole, il l’épousera en Guyane et elle lui offre Laure, sa fille qui est très proche (elle travaille à Argentan).
Annick est sa joie et son bâton de vieillesse. Freddy, fils d’Alfred alors très jeune père, est chez lui auprès d’Annick sa belle-mère et de Laure. Alfred, responsable des Postes à Cayenne, côtoiera les Pontes d’Ariane Espace.
Sa vie professionnelle se déroulera plus calmement après les guerres et la Guyane, il est en poste en France, Rennes, Per- venchères, Villedieu-les-Poëles puis Argentan. Du haut de ses 95 ans, publie son ouvrage
« Heureux et reconnaissant de pouvoir écrire mes souvenirs et de dire à mes amis aujourd’hui disparus un au revoir fraternel »
. Il vivait sereinement à Argentan. C’est en 2011 à Bazoches qu’il fut décoré de la Légion d’honneur.