Le vitrail, un art qui ne laisse pas de glace
Ils sont encore quelques milliers à exercer le métier de maître verrier dans l’Hexagone, à l’image de Philippe Domin-Fassero à Tourouvre. Rencontre.
Tourouvre-au- Perche.
On remarque facilement le flamboyant panneau rouge, jaune et bleu qui indique « vitraux » quand on entre à Tourouvre. Ici se trouve l’atelier de Philippe Domin-Fassero, maître verrier depuis plus de 16 ans. Aussi appelé vitrailliste, c’est le métier de l’art du vitrail.
Chantiers parisiens et percherons
Un art certes démodé, mais pas encore totalement disparu. L’artisan de Tourouvre estime ainsi à quelques milliers le nombre de maîtres verriers exerçant en France. « On a fait du vitrail jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, il y avait peut-être dix fois plus de verriers à cette époque-là. Aujourd’hui, on en fait surtout dans le nord de l’Europe, l’Angleterre, la Belgique, les Pays-Bas et les Etats-Unis ».
Si Philippe fabrique des vitraux neufs pour les particuliers, son activité est principalement la restauration d’anciens vitraux. Dans un pays comme la France qui compte la plus grande surface de vitraux dans le monde, soit 90 000 m2, selon l’Institut national des métiers d’art, il y a de quoi faire. Philippe Domin Fassero est ainsi « spécia-
lisé dans la restauration de vitraux de sites classés mais aussi des immeubles Hauss
manniens à Paris » . Paris, qui constitue la plus grosse partie de la clientèle de Philippe, d’où son installation à Tourouvre, pour être proche de la capitale tout en fuyant sa vie stressante.
Dans le secteur, l’artisan d’art a donné une seconde jeunesse aux vitraux des églises de Comblot, Corbon, La Poterie- au- Perche ou encore Moulicent. Plus récemment, il a terminé la chapelle latérale de la basilique Notre- Dame de La ChapelleMontligeon, dont Le Perche vous parlait en avril dernier. Un chantier supervisé par un autre maître verrier, Pascal Bouchard, avec qui Philippe Domin-Fassero avait déjà travaillé pour l’église Saint- Pierre- du- Gros- Caillou dans le 7e arrondissement de Paris.
Son meilleur souvenir, la restauration de plusieurs vitraux de la cathédrale de Béziers, datant du XIIe siècle. « Ce sont les plus anciens sur lesquels j’ai travaillé, c’est impressionnant » , se rappelle-t-il.
Peu de débouchés
Si Philippe reconnaît sa chance d’avoir des chantiers, c’est un
métier qui reste difficile. « Il y a peu de débouchés, et les gros ateliers n’embauchent pas, regrette-t-il. Les petits ver- riers ont des difficultés, beaucoup ont récemment fermé. » Parmi les explications, la mode passée et la diminution du budget des Monuments historiques. Le maître verrier de Tourouvre n’incite donc pas les jeunes qui souhaiteraient se lancer dans cet art.
Minutie et passion du métier sont des qualités à avoir pour devenir maître verrier. Mais pas seulement. « Il faut un don pour le dessin et la peinture, souligne ainsi Philippe Domin
Fassero. C’est une gymnastique pour représenter une figure 2D en 3D. Le maître verrier est le « peintre de l’atelier ». » Et, comme tout artisanat d’art, la pratique compte.