Le Bois Joly, histoire percheronne
Des familles bourgeoises, à l’élevage de Percherons en passant par la modernisation de l’agriculture et les soirées de blousons noirs, il a traversé les siècles. Les pierres du manoir du Bois Joly ont vu l’évolution du Perche. Aujourd’hui, il abrite un gî
Margon.
A l’aube de la renaissance, au XVIe siècle, Jacques Durant et sa femme Louise Denisot posent leurs valises au Bois Joly. Le couple entreprend la construction d’une bâtisse qui va se développer sur plusieurs générations.
Pierre, puis Geant Durant, seigneur du Bois Joly, développent l’activité agricole de ce manoir entouré de murs d’enceintes et de quatre tours fortifiées. La bâtisse est un synonyme de puissance à l’époque. On pouvait y mesurer l’importance d’une famille sur un territoire. Élevage de chevaux
« Au XVIIIe arrive la famille Pinceloup de la Grange, de riches étaminiers de Nogent-leRotrou. Puis les d’Harambure, des nobles de Touraine, en font la plus grosse ferme de la commune » , raconte Julien Belivier, le fils et spécialiste de l’histoire des lieux. Le domaine est démesuré pour l’époque et fait jusqu’à 100 hectares.
L’histoire du manoir arrive à son apogée à la fin du XIXe. « En 1870 Alphonse Grégoire Fardouet, arrive sur les lieux et en fait un élevage de cheval percheron » , raconte Julien. Le Bois Joly devient un centre névralgique de cette race de cheval du Perche. « Beaucoup d’étalons du Bois Joly partaient aux États-Unis » , assure Julien Belivier. C’est l’âge d’or du cheval percheron jusqu’à la guerre.
« À partir de 1914 arrive la famille Dordoigne avec Paul. La ferme devient plus axée sur l’agriculture avec des matériaux de pointe pour l’époque. Il est le premier de la région nogentaise à avoir un tracteur » , raconte l’historien. Les murs deviennent les témoins de la modernisation de l’agriculture. Les terres environnantes sont dotées d’un système d’irrigation très performant pour l’époque. Des blousons noirs au manoir Ce propriétaire meurt jeune en 1928 et sa femme reprend le flambeau. Le temps commence à faire son effet sur les bâtiments qui commencent à se dégrader à partir des années 70.
Les nuits de cette fin de décennie sont parfois agitées au Bois Joly. Abandonnés, les lieux servent de rassemblement pour des motards. « Il y avait des fêtes énormes organisées par le club des brouettes speed du Perche » , assure Julien. À tel point que le sol regorge de bris de verre de bouteille enfouis.
En 1985, une autre famille arrive sur les lieux. Les Belivier ont un « coup de foudre » , pour ce lieu, ses pierres et son histoire. Ils entreprennent des travaux colossaux pour le restaurer et l’ouvrir au public pour qu’il puisse continuer à vivre. Depuis le mois de juin, un gîte labellisé « quatre épis » se tient dans l’ancien fournil. Un nouveau chapitre du Bois Joly vient de s’ouvrir.