Le Perche

Le Chêne des Canadiens inauguré

Le corps forestier canadien en France venu en France pendant la Grande Guerre mis à l’honneur et rappelé au souvenir de ceux qui l’ignoraient.

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Belforêt-en- Perche.

Une cérémonie atypique a fait vibrer la forêt domaniale de Bellême, samedi matin.

Sur la route forestière partant de la Perrière et se dirigeant vers Saint- Ouen- de- la- Cour, un chêne baptisé le Chêne des Ecoles est déjà bien connu des randonneur­s et curieux. C’est en 1927 que ce chêne a été dédié à l’Ecole Nationale des Eaux et Forêts dont il tire son nom. Le Chêne de l’Ecole est un chêne cécile né en 1666 sous le règne de Louis XIV. Il a 351 ans !

Désormais, un petit peu plus loin, sur la parcelle 149, un autre chêne un peu plus jeune n’ayant que 180 ans, a été mis à l’honneur samedi matin, symbolisan­t la venue de bûcherons canadiens lors de la 1re Guerre Mondiale. L’ONF créé la surprise

C’est l’ONF qui a organisé cette inaugurati­on, en osmose avec les Archives départemen­tales, l’Ambassade du Canada et la commune de La Perrière désormais rattachée à la commune nouvelle de Belforêt-en-Perche et dont Didier Fiocca est maire.

Le projet, initié par Thierry Grudé, technicien forestier territoria­l, est parti de la décou- verte il y a quelques années de 30 000 photos sur plaques de verre présentant des bûcherons canadiens arrivés en France en 1916. Avec l’enlisement du conflit de la Première Guerre mondiale en guerre de positions et le développem­ent de la guerre sous-marine, les besoins en bois d’oeuvre, utilisés pour les tranchées, les voies de chemin-de-fer, les baraquemen­ts, les cercueils, etc. augmentent considérab­lement. L’intensific­ation de l’exploitati­on des forêts est indispensa­ble pour satisfaire les besoins des armées alliées.

Le 15 février 1916, le gouverneme­nt britanniqu­e sollicite l’incorporat­ion au corps expédition­naire canadien d’une maind’oeuvre spécialisé­e. Le premier bataillon forestier canadien arrive en avril 1916 en Grande-Bretagne, et le 28 septembre 1916, une compagnie forestière canadienne est formée dans l’Orne. Le corps forestier est structuré en groupes régionaux, subdivisés en districts chargés de l’abattage, du débit et de l’expédition des coupes de bois qui sont attribués par le gouverneme­nt français dans les forêts domaniales et privées.

De la fin de 1916 au début de 1919, ce sont 12 000 hommes du corps forestier canadien qui expédient plus de deux millions de mètres-cube de bois en provenance de forêts d’Aquitaine, de Franche-Comté, de Lorraine, du Nord-pas-de-Clais, de Picardie et aussi de Normandie dont les forêts ornaises d’Andaine, de Bellême, Bourse, Ecouves, Gouffern, La Trappe et Saint-Evroult. La vie à l’arrière

Tout le monde a entendu parler de la vie au front, des horreurs des tranchées, des vies horribles menées par ces soldats du front.

Moins de personnes connaissen­t cet aspect très important de la Guerre avec des troupes alliées affectées aux activités d’approvisio­nnement et de logistique, prisonnier de guerre allemands, travailleu­rs russes, marins scandinave­s, objecteurs de conscience qui donnent aux régions éloignées du front une connotatio­n militaire insoupçonn­ée.

La solidarité entre les population­s locales et les troupes alliées, l’entente cordiale entre elles sont ainsi mises à l’honneur par ce chêne, véritable symbole des aspects cachés de la guerre. Emotion intense

Lors de cette cérémonie émouvante, Daniel David et Michel Le Baron, délégués de Mémoire de l’Ambassade du Canada, ont détaillé ces points cachés et méconnus de l’histoire de France et du Monde.

La fanfare locale La Perthui- sienne a interprété les hymnes français et canadien, provoquant aussi une intense émotion de la part des invités tels Véronique Goulet, sénatrice ; Jean-Claude Lenoir, sénateur président de la CDC, Annick Bruneau, conseillèr­e départemen­tale, Mathieu Le Goïc des archives départemen- tales et de nombreux maires et élus.

Tous se sont rendus après cette inaugurati­on à la salle des fêtes de La Perrière où des nombreuses photos présentaie­nt des Canadiens qui ont travaillé en forêt de Bellême lors des années 1916 à 1919.

 ??  ?? Un panneau aux couleurs du Canada présente l’épisode glorieux des milliers de Canadiens, le chêne honoré situé au fond à droite du panneau porte une ceinture verte.
Un panneau aux couleurs du Canada présente l’épisode glorieux des milliers de Canadiens, le chêne honoré situé au fond à droite du panneau porte une ceinture verte.

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