Son dada : les dents des chevaux
Guy Lecapelain est dentiste équin. Installé à Nogent-le-Bernard, il « soigne » les chevaux des alentours mais pas seulement. Dans ses débuts, il se déplaçait même dans le sud de la France pour le bien des équidés. Rencontre.
Nogent- le- Bernard.
Tout n’est qu’une histoire de confort. Rien à voir avec des pansements, plombages et autres couronnes. Dentiste équin, c’est avant tout une histoire de nivelage, ni plus ni moins. Pas vital mais un bien-être
« Ce n’est pas vital mais cela permet aux chevaux de mieux manger ou encore supporter le mors. C’est du bien- être. » Guy Lecapelain est ce matin-là en pleine intervention au haras de la Pelois, à Saint-Martin-des-Monts. Viva, une jument de 8 ans, goûte aux joies du dentiste…
« Dans la nature, ils ne sont pas faits bien sûr mais on sait aussi que les chevaux sauvages vivent moins longtemps que ceux qui sont apprivoisés » , fait remarquer le quadragénaire, l’avant-bras « englouti » dans la gueule de l’animal.
« On travaille tout au toucher pour que le travail soit symétrique. Pour atteindre les dernières molaires, nous n’avons pas de visibilité donc nous sommes obligés de les toucher. Les dents des chevaux s’usent mal parce qu’elles ne font pas la même largeur. Au bout d’un moment, ils se mordent en mâchant. On agit sur l’aspect des dents parce qu’ils n’ont jamais de caries grâce à leur émail très épais. Il faut vraiment un traumatisme pour qu’une dent soit malade. » Lime et molettes
À l’aide de son petit moteur électroportatif sur lequel il fixe lime et autres molettes, il remodèle les trente-six dents de la jument (N.D.L.R. : les mâles possèdent quatre canines en plus). De la fumée s’échappe. Une odeur âcre aussi. Et le bruit de l’appareil au contact de la dentition, n’est pas très apprécié de la patiente. Gauche, droite, la tête bouge et le professionnel est quelque peu « malmené » . Mais son expérience parle. Vingt-quatre ans qu’il oeuvre auprès des équidés, après avoir suivi deux dentistes pendant dix-huit mois, l’un dans l’est de la France, l’autre, au Canada. « Ohhh, ohhhh. Lààààà. Détends-toi Louloute. » Une petite caresse sur la tête en guise de réconfort. D’encouragement aussi, et c’est reparti. L’intervention, qui dure une demi-heure environ, sera bientôt terminée. « Ils ne s’habituent jamais. Il faut vraiment qu’ils soient en confiance pour se laisser faire. » Une dizaine de clients
Guy Lecapelain passe au nettoyage de son matériel. Avant d’enchaîner avec Dense, une autre équidée, de 7 ans cette fois. Ce matin, il a une dizaine de clients. Plus ou moins coopératifs.
Mais tous sont regroupés en un seul endroit. Un avantage non négligeable. « C’est mieux pour moi mais aussi pour les propriétaires, sachant que l’intervention est facturée aux alentours de 40 euros HT. Après, il faut y ajouter des frais de déplacement alors quand il y a plusieurs animaux en un même endroit, c’est mieux. »
Ces chevaux d’entraînement ou de loisirs, c’est un tiers des interventions du dentiste. Ses autres clients sont pour un tiers des trotteurs et le dernier tiers des galopeurs, qu’il visite chez leurs entraîneurs. Profession reconnue À ses débuts, en 1993, ils étaient à peine trente professionnels sur le territoire français. « Aujourd’hui, nous sommes plus de 250. » Il faut dire que la profession est désormais reconnue. « En 2001, une loi a été votée contre la pratique illégale. Un amendement a suivi pour nous autoriser à travailler sous certaines conditions. Nous sommes obligés de passer une validation des acquis de l’expérience, chapeautée par le ministère de l’Agriculture et l’Ordre des vétérinaires. Les examens ont débuté cet été. » Le tour du Nogentais devrait arriver. En attendant, il continue son bonhomme de chemin, à raison d’une visite annuelle à ses patients.