2 000 litres de fioul déversés à Feings : l’exercice antipollution mobilise 19 experts
Jeudi 5 octobre, un exercice antipollution de grande ampleur a été organisé par Séché Urgences Interventions, à Feings. Le personnel de l’entreprise a dû simuler la dépollution d’un étang dans lequel s’étaient déversés deux mètres cubes de fioul.
Feings.
Jeudi 5 octobre, 7 h. Le chauffeur d’un poids lourd vient de perdre le contrôle de son véhicule, à Feings, au lieu-dit La Vigne. L’homme a dû être désincarcéré. Inconscient, il n’a pu livrer d’informations aux pompiers sur la nature du polluant qu’il transporte et qui désormais s’écoule dans l’étang situé en contrebas. En tout, deux conteneurs de 1 000 litres d’un liquide rouge et odorant ont envahi le site sensible, peuplé par une faune protégée. Polluant matérialisé par du pop-corn
Les pompiers ont mis en place un premier barrage, mais n’ont pas les moyens d’assurer la dépollution complète. Une entreprise spécialisée a été prévenue. Les 19 experts, dépêchés depuis Rouen, sont attendus.
C’est le scénario élaboré par Séché Urgences Interventions, marque de la société Triadis services et filiale de Séché Environnement. Expert en gestion de l’urgence environnementale post- sinistre, l’opérateur a programmé l’exercice afin de permettre aux équipes de « coordonner les moyens et techniques à mettre en oeuvre, ainsi que de se familiariser avec les nouvelles technologies disponibles » , explique Emmanuel Crenn.
Casque vissé sur la tête, le responsable commercial a observé, toute la matinée, les faits et gestes des 19 salariés. Feings n’a pas été choisi au hasard : « L’étang n’est pas facile d’accès, et le site est classé Natura 2000. Cela contraint les intervenants à utiliser quads et bateaux » .
À peine l’exercice entamé, les experts (opérateurs qualifiés titulaires du Certificat d’aptitude à la conduite en sécurité, ingénieurs en chimie, en environnement…) quadrillent en effet la zone avec les quads (transportés sur les remorques attelées aux six camions tout équipés). Le polluant, matérialisé par… du pop-corn - « il a le même comportement que les hydrocarbures. Il flotte et est sensible aux effets du vent » , est identifié par les hommes en combinaison : c’est du fioul. Des surprises…
Après la reconnaissance des lieux et la distribution des rôles, chacun oeuvre pour stopper tout écoulement supplémentaire et éviter que le polluant ne rejoigne la rivière. La difficulté : poser des barrages flottants et écrémeurs dans des zones peu accessibles. Deux opérateurs utilisent un bateau pour dérouler le boudin orange. D’autres doivent se passer de moteur. Le propriétaire des lieux, incarné par un collaborateur de Séché Urgences Interventions, est particulièrement exigeant. Il ne tolère que les rames, pour le bien-être de ses carpes. « Cela fait partie des surprises avec lesquelles il faut savoir conjuguer » , commente Emmanuel Crenn.
Pour dérouler le barrage à jupe, les intervenants vont opter pour un pédalo sans gouvernail. Avant de reporter leur choix sur une barque. Les enjeux, ensuite ? « Récupérer les pol- luants dans l’eau et nettoyer les berges » . Les experts ont dû créer du courant (avec une lance incendie ou un souffleur) pour regrouper le polluant qui a ensuite été pompé et stocké dans une citerne louée à un partenaire ornais. Intervention en moins de 4 heures
L’exercice, réalisé en présence du SDIS (Service dépar- temental d’incendie et de secours) de l’Orne, a été riche d’enseignements pour les salariés. Le 12 octobre, il sera réitéré avec 23 nouveaux opérateurs. Le personnel, de plus en plus sollicité, est soumis à ce genre d’exercice une fois par an. « Face au dérèglement climatique, aux vieillissements des installations privées ou industrielles et à l’augmentation du flux de trafic routier transportant des matières dangereuses, le déversement d’hydrocarbures est la première cause de pollution » , renseigne Emmanuel Crenn.
« En moyenne, nous recevons trois à quatre appels par semaine et garantissons une intervention en moins de quatre heures partout en France, grâce à un maillage territoriale resserré » , rap- porte Mickaël Prestavoine, P- DG de Séché Urgences Interventions. L’entreprise est notamment intervenue pour récupérer les 370 tonnes de gasoil qui s’étaient répandues à Sainte-Anne-sur-Brivet, dans le Nord de la Loire-Atlantique, après la rupture d’une canalisation de la raffinerie Total (en 2016).