Deux photojournalistes du collectif Dysturb au lycée Jean-Monnet
Mortagne-au- Perche.
Jan-Joseph Stok et Benjamin Girette ont rencontré une trentaine d’élèves du lycée Jean-Monnet, jeudi 5 octobre. Les deux photojournalistes sont membres du collectif Dysturb, connu pour placarder en grand format et dans les rues les images de l’actualité. Les élèves de première ES, L et les terminales L - qui quelques jours plus tôt avaient voté pour le prix Bayeux-Calvados des correspondants de guerre - ont écouté attentivement les deux professionnels narrer leur métier.
« J’ai vu des massacres. Des enfants à terre. J’ai senti l’odeur de la mort. C’est dur de voir tout ça et de photographier. Mais ce sont des preuves. Je fais mon métier, je témoigne de ce qui se passe là-bas » , confie Jan-Joseph Stok. La plupart du temps, le Néerlandais propose ses reportages, sur la région qu’il affectionne : le continent africain (il a notamment travaillé 10 ans au Congo). Parfois, ce sont les rédactions des journaux pour lesquels ils travaillent, qui passent commande. « Je peux refuser. Ça m’est arrivé avec le Darfour. Si ça ne sent pas bon, il ne faut pas y aller » , rapporte-t-il. Le reportage qui l’a le plus marqué : « Chaque histoire, chaque conflit a son importance. Mais la famine en Somalie du Sud est certainement l’une des choses les plus difficiles à voir » .
« Pourquoi risquer votre vie ? » , questionnent les lycéens. « Parce que les histoires de guerre, de massacres, de famines ou de déforestation doivent être racontées. Ce n’est pas pour faire pitié. Mais pour proposer un miroir au monde entier. Dire : regardez quelles conséquences ont làbas votre manière de consommer ou les décisions que vous prenez ici » .
Et pour que personne n’échappe à la réalité transposée sur les clichés des photojournalistes, le collectif Dysturb s’est affranchi des limites traditionnelles de la publication. « On a commencé en affichant nos photos sur les murs de nos quartiers. L’idée est d’interpeller les gens sur la situation de la Centrafique, leur imposer ces informations » , explique Benjamin Girette. Mais « pourquoi en si grand ? » , s’enquiert un élève. « Pour que tu ne puisses pas l’esquiver » .
Ainsi, plus de 1 000 posters ont déjà été collés dans une trentaine de villes. Et désormais Mortagne en fait partie, puisqu’à l’issue de l’échange, un cliché pris à Medellin, en Colombie, a été placardé dans la cour du lycée. La photo, représentant des adolescents escaladant la roche afin de profiter de la vue sur la ville anciennement gangrenée par la criminalité, a été choisie par l’ensemble des élèves.