Un livre sur l’Abbé Marcel Poulain, de curé à résistant
La population bellêmoise se souvient d’un homme dévoué, au service des autres et actif pour sa commune. Un ouvrage a été publié sur sa vie.
Figure emblématique de la cité percheronne où il a officié pendant trente ans, l’Abbé Marcel Poulain fait aujourd’hui l’objet d’un ouvrage « L’Abbé Poulain, curé et résistant dans le Perche. » « Un homme hors du commun »
« Quand j’ai lu que la ville allait donner le nom de « Abbé Marcel Poulain » à une place de la cité, j’ai pensé qu’il serait important d’expliquer à tous ceux qui ne l’ont pas connu, qui était l’Abbé Poulain, et pourquoi on allait donner son nom à une place, » explique Jacques Roger, curé de Bellême, cousin du père Poulain, et auteur du livre.
« Le Père Poulain dirait certainement qu’il n’a rien fait d’extraordinaire, seulement essayé de bien accomplir son métier d’homme, de chrétien, et de prêtre. C’est vrai, mais tout de même, c’était un homme hors du commun ! »
En effet, Marcel Poulain, issu d’une famille modeste de paysans du Pays bas-normand, a fait son séminaire à Sées, et fut ordonné prêtre en 1936. L’année suivante, il est nommé vicaire à la paroisse Notre-Dame d’Alençon, où il restera jusqu’en 1943. Officine de faux papiers
La ville est occupée, l’Abbé Poulain résiste à sa façon, il avait monté une officine de faux papiers dans le clocher de NotreDame, et confie « la panoplie du parfait faussaire » à JeanDominique Boucher, enfant de choeur de 16 ans.
« Une boîte à chaussures avec cartes fraîchement imprimées, lot de tampons, un folioteur, et dans des enveloppes, des photos de visages inconnus, ceux pour qui la fausse carte signifierait sécurité et espoir. »
Il initie même Jean-Dominique à imiter la signature du fonctionnaire de la Préfecture ! « J’étais mêlé à toutes sortes d’activités qui m’eussent conduit tout droit à la déportation, si une nomination assez inattendue n’était venue. En octobre 1943, j’étais nommé curé à la Chapelle-Souëf, pays tout à fait inconnu, situé dans le Perche, région tant redoutée, en ce temps-là. Vu du pays bas-normand, le Perche était comme la Sibérie !» écrit-il. Toujours au service des autres
Il restera six ans à la ChapelleSouëf, où il entretient de bonnes relations avec les Percherons, mais, lui assène l’un d’entre eux, « si vous voulez que ça marche, ne leur parlez pas de religion ! » ou « ma fille est très attentive à ce que vous lui dites, mais M. le curé, tout de même, dites-lui des choses croyables ! »
En 1943, il est nommé curédoyen de Bellême, où il sera très actif, tout en accomplissant son ministère de prêtre. Il s’occupe de bon nombre d’associations, dont la musique l’Etoile bellêmoise, il construit la Maison des jeunes, organise des tournois sportifs, des kermesses, et des colonies de vacances.
« Ceux qui l’ont côtoyé se souviennent avec émotion de sa stature d’homme robuste, solide, bienveillant et souriant, toujours au service des autres » écrit Jacques Roger.