Exercice attentat au lycée Jean-Monnet
Le 16 novembre, un exercice attentat-intrusion a été réalisé au lycée Jean-Monnet. Les élèves ont été confinés pendant une vingtaine de minutes. Dans les couloirs, une bande-son diffusait des tirs de Kalachnikov.
Mortagne-au-Perche. Il est précisément 14 h 40, ce jeudi 16 novembre, quand un individu fait irruption dans la cantine du lycée Jean-Monnet, à Mortagne. Le terroriste est armé d’une Kalachnikov et porte un gilet explosif. Les agents de l’établissement scolaire, affairés à nettoyer les cuisines, stoppent net leurs activités. Une employée réagit vite. Elle alerte, par téléphone, le proviseur, qui lui-même compose le 17. Quelques secondes plus tard, la sirène siffle dans les oreilles des 522 élèves et 34 professeurs présents.
Le signal « attentat- intrusion » est identifié et, dans chacune des classes, les effectifs se confinent. Fausse intrusion mais vraie surprise
En réalité, il n’y a ni terroriste ni arme, dans l’établissement. Ceci est le scénario ficelé par la gendarmerie pour un exercice « attentat-intrusion ». Une obligation, voulue par l’Éducation nationale via le PPMS (Plan particulier de mise en sûreté). « Nous devions réaliser un exercice de ce type avant la fin du premier trimestre » , indique le proviseur, Arnaud Bouis. L’opération a été préparée en collaboration étroite avec la brigade territoriale de Mortagne-au-Perche. « C’est le premier exercice de ce niveau mené sur l’arrondissement de Mortagne. Il se veut plus réaliste que les précédents et est réservé aux lycées. Il comporte des simulations de tirs » , détaille le lieutenant William Vauloup, commandant de la communauté de brigades de Mortagne.
Si l’intrusion est fausse, la surprise, elle, est réelle : « Seule la direction est avisée. Les élèves ne sont pas au courant » . Quant aux professeurs, ils ont été prévenus qu’un exercice aurait lieu dans la semaine, mais ignore et le moment de l’attaque, et sa nature.
Avant de déclencher le processus, les six gendarmes de la brigade de Mortagne ont briefé l’équipe de direction. « Un gendarme va jouer le rôle du terroriste. Il portera une pancarte sur laquelle il est inscrit qu’il a une Kalachnikov. Le personnel devra réagir en conséquence » , a annoncé le lieutenant, qui garde secret le lieu de l’intrusion. « Si l’exercice génère trop de panique, on arrête » , prévient-il. Stores baissés, portables coupés
Dans le self, les premiers agents confrontés au terroriste ont « très bien réagi » , note le lieutenant, qui se dirige maintenant vers le hall du lycée. L’alarme a été enclenchée rapidement. On ne croise plus personne. Les élèves qui discutaient sur un banc il y a deux minutes ont déserté. Ne reste que leurs sacs à dos, jonchant au sol. Sur la façade extérieure, quasiment tous les volets ont été fermés. Un bon point. « C’est la consigne. La porte de la classe doit également être verrouillée, les lumières éteintes et les portables coupés. Les élèves et l’ensemble du personnel doivent se cacher sous les tables » , liste le gendarme.
Pour vérifier que c’est effectivement le cas, les forces de l’ordre tentent d’ouvrir chacune des salles de classe. Avant de diffuser une bande-son « réelle » de tirs fournis de Kalachnikov, de cris de victimes. Glaçant. Cela fait 15 minutes que les élèves sont confinés quand les coups de feu cessent.
Le silence est pesant. Au premier étage, une élève qui n’était pas en classe au moment de l’attaque est prise de panique et peine à respirer. « Elle fait une crise d’angoisse, appelez l’infirmière » , ordonne la gestionnaire du lycée.
Ailleurs, la chose est moins prise au sérieux. « Avec cette attitude, lors d’une vraie attaque, vous êtes morts » , sermonne un gendarme devant une classe qui « ricanait, chuchotait, et a même ouvert la porte » . « Fuir, loin de la menace »
15 h 05. Un signal sonore indique la fin de l’exercice. Un par un, les stores sont relevés et le lycée revit. Pour la direction et les gendarmes, c’est l’heure du bilan. « Des efforts ont été faits, l’information a bien circulé et la plupart des élèves ont joué le jeu » , observe le lieutenant Vauloup.
Les points améliorer ? « La gestion des électrons libres. Ces élèves qui, au moment de l’intrusion, ne sont pas en cours » . En cas d’attaque, il faut les inviter « à fuir » . Le plus loin possible de la menace.