Le Perche

Dans le secret des confréries

Souvent méconnue, l’histoire des confréries gastronomi­ques renferme des anecdotes passionnan­tes. Dans le Perche, il en existe plusieurs. Reportage au sein des grands maîtres, impétrants, chapitres et intronisat­ion.

- H. Deshors

Souvent méconnue, l’histoire des confréries gastronomi­ques renferme des anecdotes passionnan­tes. Dans le Perche, il en existe plusieurs. Reportage au sein des grands maîtres, impétrants, chapitres et intronisat­ion.

Mortagne-au- Perche.

Ils sont identifiab­les à leur tenue si particuliè­re : une longue veste de couleur rouge (représenta­nt le sang), au revers noir (boudin noir) et au liseret blanc (représenta­nt le gras). Relancer la foire commercial­e

Il s’agit bien évidemment de la Confrérie des Chevaliers du Goûte-Boudin. « Il faut rajouter également le chapeau de type Louis XI » , explique JeanClaude Gotteri, grand maître de la Confrérie mortagnais­e.

C’est pour entretenir le boudin, spécialité culinaire, que fut créée, le 23 mars 1963, la Foire au Boudin de Mortagne-auPerche, à l’instigatio­n du docteur Jean-Robert Pillot et par la volonté d’une « vingtaine d’illuminés » .

L’objectif alors, « relancer la foire commercial­e mortagnais­e, ancestrale, et lui donner un thème précis » . Soit, le boudin. « Un produit tombé en désuétude » .

Ils ignoraient alors que cela allait devenir l’une des véritables identités du Perche. Avec l’idée d’un concours du meilleur produit qui avait germé dans l’esprit de chacun, « pour asseoir la notoriété » . Egalement avec la création d’une confrérie gastronomi­que. 3 000 personnes intronisée­s

« A l’époque, il n’existait que des structures liées à des produits liquides. C’était d’ailleurs la première confrérie liée au cochon » . Affichant un sourire, JeanClaude Gotteri estime que « la recette a dû être bonne car nous avons été copiés par la suite » .

En 1963, le premier grand maître, Jean-Robert Pillot, a tenu son rang jusqu’en 1968. Remplacé par le second maître Aldonce Gotteri qui est resté jusqu’en 1985, année de son décès. « Et le troisième, moimême, fils d’Aldonce. Je suis toujours en poste » .

Il l’avoue, « c’est une grosse boutique » . Et pour cause, la Confrérie des Chevaliers du Goûte-Boudin, ce sont 3 000 personnes intronisée­s, 30 000 échantillo­ns de boudin depuis le début de l’aventure et 100 000 kilomètres parcourus.

« Le premier concours avait rassemblé neuf parti- cipants, dans le cadre local. Aujourd’hui, ils sont 716 à concourir, dans le cadre internatio­nal » . Anglais, Irlandais, Belges, Allemands, Autrichien­s, Suisses, Espagnols se réunissent… C’est dire si l’événement et la structure ont pris beaucoup d’importance au fil des années. Ambassadeu­r à l’étranger

Outre son rôle prépondéra­nt au sein du Perche, la confrérie joue aussi son rôle d’ambassadeu­r en France et à l’étranger. « Nous faisons des dizaines de sorties chez les autres confréries » .

Comme au concours de foie gras de Samatan (Gers) les 24, 25 et 26 novembre derniers. « Nous sommes toujours à l’affût de pouvoir représente­r nos couleurs » . Au Québec, dans les Antilles…

Car, c’est aussi cela la philosophi­e des ’’ Chevaliers’’ : « le contact humain » . Voire même davantage, « en 1968, nous nous sommes mariés avec les Fins gousiers d’Anjou. En 1983, avec les Compagnons du Bordeaux. Un autre mariage avec les Amis du Rhum de la Martinique » . Et même un PACS avec la Confrérie des Coteaux de Sucy-en-Brie. Impact économique

Jean-Claude Gotteri a toujours expliqué que la structure avait à coeur de « faire des choses sérieuses sans se prendre au sérieux » . Arguant le fait d’être libres, « nous n’avons jamais de- mandé de subvention­s » , et de valoriser le territoire.

« Economique et culturelle­ment. Quand nous faisons venir des personnes grâce à nos actions, cela fait travailler l’économie locale » . Comme avec le Congrès des Confréries organisé en 2012, avec plus d’une centaine de structures présentes.

C’est pour ça, en l’occurrence, que « nous sommes la seule structure à avoir un rond-point. C’est l’image de la Ville » . D’image, il en est question aussi avec le blason. « Le grill, la fourchette et le tournebroc­he. Les trois chevrons, blason des Comtes du Perche » .

Toute une symbolique pour une confrérie qui n’est pas prête de s’arrêter…

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 ??  ?? Les Chevaliers du Goûte-Boudin à l’époque. Une belle photo de famille avec le produit phare au milieu.
Les Chevaliers du Goûte-Boudin à l’époque. Une belle photo de famille avec le produit phare au milieu.
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Photo de la Confrérie prise en 2011.

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