Le Perche

Rue du Tertre, le cidre est fait maison !

- Brigitte HERVE Riveraine de la rue du Tertre

Saint- Hilaire- le- Châtel.

La salle des fêtes de SaintHilai­re-le-Châtel était comble, dimanche 10 décembre, pour célébrer les 65 ans de mariage de René et Simone Mazurier. René (91 ans) et Simone (85 ans) sont natifs de Saint-Hilaire-leChâtel où Alcide (le grand-père) avait exercé plusieurs mandats de maire. René et Simone se sont mariés le 9 octobre 1952, néanmoins leur rencontre remonte à décembre 1950.

Simone était couturière, René, quant à lui, travaillai­t en tant « qu’ouvrier agricole à la Cuma de Bubertré » , précise Maryse, leur fille. Malheureus­ement, l’accident de travail de René a perturbé leur vie quoti- dienne. En faisant preuve d’un grand mérite et de beaucoup de courage, ils ont pu élever leurs quatre enfants : Gérald, Maryse, Dominique et Fabienne, qui ont donné à leur tour naissance à 11 petits-enfants, eux-mêmes parents de 14 arrière-petits-enfants.

Après avoir fêté leurs noces d’émeraude, d’or et de diamant, Maryse a tenu à organiser leurs noces de palissandr­e (bois exotique dense et dur), témoignant un amour fort, résistant et durable, qui traverse le temps depuis plus de 65 ans.

Le déjeuner festif a réuni famille et amis. Il a été suivi d’un diaporama rassemblan­t tous les bons souvenirs.

Mortagne-au- Perche.

« C’est un petit matin de novembre. Tout est prêt au 12 de la rue du Tertre. Dans la cave de Philippe Foreau, les fûts de chênes ont été soigneusem­ent nettoyés. L’entonnoir, le seau et le pèse-cidre, sont prêts pour ce rendez-vous annuel. Sur le trottoir, les sacs de pommes sont au garde-à-vous et la remorque vide attend. Chaque année, depuis que les parents de Philippe ont emménagé en 1973, c’est le même rituel.

Quelques jours plus tôt, Philippe a ramassé les fruits sous les pommiers hérités de son grand-père, du côté de Sillé-leGuillaum­e (72). La collecte des pommes est un travail difficile, car pour les amateurs, le ramassage se fait au sol et à la main. Il faut ensuite trier les fruits, les mettre en sacs et les transporte­r jusqu’au lieu de pressage, à proximité des tonneaux où le jus fermentera. Voilà pourquoi, ce jour-là, Philippe a pris rendezvous avec la presse mobile, juste devant chez lui.

Dès que le bruit du tracteur résonne dans la rue du Tertre, Philippe est sur le pas de sa porte, prêt à la manoeuvre. À l’heure prévue, l’étrange machine prend place. L’opération est millimétré­e car l’installati­on se fait sur la chaussée et la circulatio­n doit pouvoir se poursuivre. Mais, dans cette petite rue du vieux Mortagne, on a l’habitude et on s’organise. Les voisins le savent et libèrent pour l’occasion, le trottoir face à la maison de Philippe.

L’installati­on ne prend que quelques minutes. Il s’agit tout d’abord, dans cette rue en pente, de bien caler le tracteur et sa haute remorque. C’est elle qui contient le broyeur et la presse. Puis le long tuyau noir est déroulé. C’est lui qui conduira le jus de l’imposante machine aux fûts de chêne de la cave voûtée.

Quand tout est en place, le patron de la presse lance le moteur de sa machine et le surprenant spectacle de rue démarre. « Le jus doré s’écoule à grands flots »

Chacun est à son poste. Il y a celui qui soulève les sacs de pommes pour les verser en hauteur dans le gros entonnoir du broyeur. Puis celui, qui, méthodique­ment forme la motte en empilant des couches de pommes broyées à l’aide de claies de bois et de pièces de toile de jute. Quand la motte est formée et qu’elle atteint le plafond de la machine, elle est glissée sous la presse. Lentement les couches de pommes broyées empilées sont pressurées de haut en bas. Le jus doré s’écoule à grands flots dans le tuyau qui le conduit directemen­t au tonneau. Là, au pied de la pipe, Philippe surveille le remplissag­e. Dès qu’un fût est plein, il déplace et insère le tuyau dans le trou de bonde d’une autre fût.

Pendant que l’on extrait le jus de cette première motte, l’on en prépare une seconde et ainsi de suite. Lorsque la motte est pres- sée, on récupère la pulpe dans une remorque. Philippe ira plus tard la verser sur la colline toute proche, pour nourrir les oiseaux.

Pour ce Mortagnais, le travail n’est pas terminé. Il s’agit maintenant de transforme­r ce jus de pomme en cidre. La presse, elle, a fini son travail. En moins d’une heure, elle est venue à bout des 900 kg de pommes de Philippe. Sans perdre une minute, elle repart à grand bruit. Elle n’ira pas très loin. Juste quelques mètres plus loin. Car rue du Tertre, trois habitants produisent encore euxmêmes leur cidre ».

Newspapers in French

Newspapers from France