Le Perche

Un commerçant accusé d’extorsion de fonds

Le gérant d’un bar à Bellême, âgé de 43 ans, a comparu au tribunal d’Alençon pour des faits de violences, d’extorsion de fonds et de menaces de morts commis le 25 mai. Un autre prévenu était également à la barre.

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À l’audience, il répète inlassable­ment les mêmes mots. En boucle. « Ce jeune est monté au premier étage, il a vu ma chérie qui dormait nue… Et c’est lui qui a volé une partie de ma recette du soir » . « À l’amiable »

Ce gérant d’un bar à Bellême, âgé de 43 ans, comparaiss­ait jeudi pour des faits de violences, d’extorsion de fonds et de menaces de morts commis le 25 mai.

À la barre, il explique : « quand je me suis rendu compte le matin que l’argent avait disparu de ma caisse, j’ai tout de suite pensé à lui car il était présent peu avant la fermeture. Je suis allé le chercher et ma compagne l’a reconnu comme celui qui s’était introduit dans notre appartemen­t, au-dessus du bar » .

Mais au lieu de porter plainte à la gendarmeri­e pour vol contre ce jeune homme, le commerçant veut récupérer son argent, «à l’amiable » .

Une expression qui fait sourire le président à l’audience. Car si l’affaire est exposée ce jour, c’est à la suite de l’interventi­on des gendarmes le 26 mai pour une bagarre entre ledit commerçant et cinq jeunes.

Ces derniers expliquent alors aux agents que le commerçant a, la veille, battu et séquestré un de leur ami. Il aurait ainsi forcé le jeune à lui remettre la somme de 500 €. Ce qu’un banquier de Mortagne confirmera. Dans sa déposition, ce dernier indiquera que le jeune semblait « paniqué » et avait « les yeux rouges » . « On ne fait pas justice soi-même »

À la barre, le prévenu nie toute forme de violence et semble ne pas comprendre pourquoi il est aujourd’hui poursuivi : « je travaille tous les jours, dur, on me vole et c’est moi que l’on va condamner » .

« Tout simplement parce qu’on ne fait pas justice soimême » souligne la procureure. Car des témoins confirment la version du jeune qui dit s’être retrouvé plusieurs heures avec le prévenu qui l’aurait frappé, menacé de mort pour récupérer son argent. Il l’aurait également accompagné à son domicile pour fouiller la maison puis enfin jusqu’à la banque. Il n’a pas agi seul : un second individu est également prévenu, pour extorsion (il a accompagné le duo à la banque).

La procureure poursuit : « on ne peut pas accuser sans preuve. Ce jeune nie, vous ne trouvez rien chez lui. Mais vous continuez de le frapper, de le menacer et vous le forcez à vous remettre 500 € !… Pourquoi ne pas avoir porté plainte ? Tous les témoignage­s vont dans le sens de violences subies par la victime : elle a pris des coups, et gratuiteme­nt » . Elle requiert à l’encontre du principal prévenu 6 mois de prison avec sursis et 300 € d’amende ; Et pour le second prévenu 2 mois de prison avec sursis. Obligation de soins

Le commerçant fond en larmes : « si j’ai un casier, je ne pourrai plus aller voir ma chérie qui vit aux États-Unis » .

Le tribunal l’a condamné à 8 mois de prison avec sursis avec mise à l’épreuve durant deux ans, une obligation de soins et de ne pas entrer en contact avec la victime. Il devra en outre s’acquitter d’une amende de 300 €.

Il a été relaxé pour les faits de menaces. Le président lui indique par ailleurs qu’un casier judiciaire n’a jamais empêché personne de se rendre aux Etats-Unis.

Le second prévenu a, quant à lui, écopé d’une peine d’un mois de prison avec sursis. Les faits ont été requalifié­s en complicité d’extorsion.

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Le gérant d’un bar à Bellême, âgé de 43 ans, comparaiss­ait jeudi pour des faits de violences, d’extorsion de fonds et de menaces de morts commis le 25 mai.

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