Les distributeurs vous mènent à la baguette
« Avec les distributeurs, il n’y aura plus jamais de jour sans pain », cela pourrait être le slogan des distributeurs libre-service de baguettes. Le Perche en compte deux, à Saint-Hilaire-le-Châtel et Courgeon. Une solution à la désertification des campag
Perche.
Sortir de chez soi, faire quelques mètres, mettre sa pièce de 1 euro dans le distributeur, prendre la baguette, rentrer chez soi. Dans un pays comme la France, où la boulangerie tient une place très importante, ce rituel d’acheter son pain en libreservice n’est pas encore ancré dans nos habitudes. Pourtant, les distributeurs de baguettes se développent. Selon l’entreprise maBaguette, l’un des nombreux fournisseurs de machines, elle en totalise aujourd’hui plus de 700 installées en France.
Dans le Perche, deux boulangers ont choisi cette option en plus de leur activité « physique ». « Quelques invendus seulement par jour »
Le premier, le plus ancien, est situé à Saint-Hilaire-le-Châtel. Il a été installé en juin dernier sur la place de l’église à l’initiative de la boulangerie L’Instinct gourmand de Saint-Langis-lès-Mortagne. Tous les jours, une trentaine de baguettes fraîches est amenée par les boulangers dans la machine et une cinquantaine le dimanche. « Cela demande un léger changement d’organisation car il faut faire cuire un peu plus de baguettes le matin, expliquent Hervé et Laëtitia Cormier, les gérants. Elles sont livrées à 7h du matin, le pain reste croustillant toute la journée même s’il est un peu plus sec en fin de journée. »
Comptez donc 1 euro pour une baguette tradition, le même prix qu’en boutique. « La machine nous envoie un sms quand il en reste 10 puis 5, et suivant l’heure, nous pouvons en remettre ».
Ils ont d’abord loué la machine à l’entreprise maBaguette pour 2 400 euros. « Le distributeur était à l’essai jusqu’en décembre, nous envisageons de l’acheter » , poursuivent les boulangers, soit 9 000 euros. Un investissement qui peut sembler élevé, mais s’ils souhaitent l’acheter, c’est parce qu’ils en sont satisfaits : « il ne nous reste que quelques invendus chaque jour, nous vendons presque tout ».
Visiblement, le choix de l’implanter à Saint-Hilaire-le-Châtel a été bon. « Nous avions des clients qui venaient de SaintHilaire, il y avait un besoin dans ce secteur, estiment les boulangers. C’est également un service pour les personnes âgées qui ne peuvent pas se déplacer. Mais nous ne pour- rons jamais remplacer un commerce, les gens veulent du contact humain. Un petit dépôt de pain dans une épicerie serait préférable mais il faut un local, de l’investissement, de la motivation… » Le distributeur, un moindre mal, donc.
Paradoxalement, cela peut aussi avoir un impact négatif pour la boulangerie. « Les clients de Saint- Hilaire viennent moins et le panier moyen au distributeur est moins élevé qu’en boulangerie ». Les clients peuvent en effet repartir avec d’autres produits, ce qui n’est pas le cas devant la machine.
L’Instinct gourmand envisagerait de développer de nouveaux distributeurs. « Nous avons plusieurs endroits potentiels » , détaille Hervé Cormier. A étudier. « On savait que ça allait marcher »
Même prix et même fonctionnement au distributeur de Courgeon, à l’initiative de la boulangerie Au Pain d’or de Mauves-sur-Huisne, tenue par Sidoine Morin et Charline Hubert.
Après avoir ouvert leur boulangerie en 2016, les deux jeunes ont décidé d’installer un distribu- teur maBaguette le 19 juillet dernier, inspiré par ceux d’Alençon et de Saint-Hilaire. Il est situé sur la rue de Sainte-Anne, un peu avant la sortie du village direction Boissy-Maugis. Eux aussi sont satisfaits : une moyenne de 70 baguettes tradition par jour chaque semaine et entre 0 et 10 invendues quotidiennement. « Il y a des entreprises autour avec des ouvriers qui viennent acheter du pain le midi » , ontils constaté.
Contrairement à L’Instinct gourmand, ils ont directement acheté le distributeur pour 17 000 euros. « On savait que ça allait marcher, lance Sidoine Morin. En plus il est situé sur un axe fréquenté. » La mairie de Courgeon a accueilli favorablement cette initiative qui permet de « rendre service à la population » et de pallier le manque de commerces.
Sidoine Morin et Charline Hubert ont aussi constaté une baisse de fréquentation des clients venus de Courgeon dans leur boulangerie. En semaine, tout du moins. Et, tout comme son homologue de Saint-Langis-lès-Mortagne, Au Pain d’or envisagerait d’installer un distributeur dans un autre secteur. « C’est l’avenir, estime Sidoine. Nous avons pour projet d’ouvrir un distributeur de croissants et pains au chocolat. »