Sylvie Raynault, unique productrice d’huile de noix en Normandie
La seule nucicultrice normande est installée dans le Perche, à Saint-Denis-sur-Huisne. Sylvie Raynault produit 1 500 litres d’huile de noix par an. En 2018, elle concourra au Salon de l’agriculture, à Paris.
S ai Saintn t-D en Denis-surHuisne.
C’est sa grand-mère, qui lui a transmis l’amour des noix. « Mamie Jeanne » possédait trois noyers. Un trésor. « Avec des noix on peut faire de l’huile, de la farine, des gâteaux. C’est une valeur sûre, disait-elle » . Sylvie Raynault, 47 ans, n’a pas oublié ces précieux conseils. Et des noix, elle en a fait son métier. Installée à Saint-Denis-sur-Huisne (ferme du Bignon), elle est la seule nucicultrice de Normandie. 3,5 tonnes récoltées en 2017
Sa première récolte date de 2013. En tout, Sylvie Raynault possède 1 300 noyers, dispersés dans le Perche et en AuvergneRhône-Alpes. Celle qui, initialement, voulait fabriquer de l’huile pour sa consommation personnelle, a investi dans une presse en 2014. « Je ne savais pas quoi faire de toutes mes récoltes. Alors je me suis lancée dans la commercialisation » . L’huile de noix fabriquée « à façon » (le fruit est pressé artisanalement, à la manivelle) a rapidement conquis les gourmands. Trois ans plus
La noix, bon pour la santé ?
L’huile de noix, qualifiée de « trésor de santé » par de nombreux articles bienêtre, serait notamment excellente afin de prévenir les infections cardio-vasculaire. Sylvie Raynault confirme - « Je consomme de l’huile de noix depuis toujours et je me sens super bien » - mais ce ne sont pas les vertus thérapeutiques, qui intéressent l’agricultrice. « Je l’utilise simplement parce qu’elle m’est offerte par la nature, et pour ses qualités gustatives » . À propos, comment se consomme l’huile de noix ? « Surtout pas en cuisson ou pour la friture » , prévient la nucicultrice. « Elle est en revanche appréciable pour venir parfumer un plat, assaisonner une salade » . Là aussi, attention : « L’erreur à ne pas commettre est de faire une vinaigrette avec de l’huile de noix. Elle perd toute sa saveur, associée à du vinaigre ou à de la moutarde » . Le mieux est de verser un filet d’huile qui sera simplement accompagné d’un peu de sel, poivre et/ou herbes aromatiques. tard, l’agricultrice dispose d’un atelier dédié à la transformation, qu’elle a installé à Mortagneau-Perche. Elle y a récemment déménagé l’ensemble de son matériel.
Pour les grandes quantités qu’elle récolte désormais (3,5 tonnes de noix en 2017) elle a recours à un pressage en laboratoire (à Poitiers). En moyenne, la Percheronne (elle a grandi à Igé et Appenai-sous-Bellême) produit 1 500 litres d’huile de noix par an. Et 150 litres d’huile de noisette.
De la cueillette - « avec un tracteur-tondeuse bricolé et doté d’un bras mécanique » - à l’étiquetage, en passant par le séchage, la casse des noix, le tri des cerneaux, la mise en bouteille, Sylvie Raynault fait tout elle- même. Le résultat : deux formats (25 cl et 10 cl) de bouteilles estampillées « huile de noix sauvage de Malice » (marque LePariFou) commercialisées dans sa ferme dionysienne et dans divers points de vente percherons (dont les Muséales, le manoir de Courboyer, et les Amap - Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne).
Mais le nectar sauvage (issu d’hybrides, pas de noix greffées) n’est pas le seul produit qu’elle propose. « Il y a aussi les noix-Prali, la farine de noix, et le gat’eau noix » , liste la nucicultrice. Enfin, les impuretés du pressage et du tamisage se transforment en nourriture pour les oiseaux et les coquilles servent à l’allumage de la cheminée. « Avec la noix, rien ne se perd » . Ambassadrice de la Normandie à Paris
À travers son activité, Sylvie Raynault fait rayonner la Normandie. En 2018, elle repré- sentera la région au Concours général agricole, lors du Salon international de l’agriculture, ( du 24 février au 4 mars, porte de Versailles). Une première, pour la quadragénaire. « Je serai confrontée à de grands producteurs d’huile de noix » , prévient-elle. Mais le fait d’être sélectionnée est déjà une fierté. « J’aimerais que ma grand-mère me voie » .
Car « mamie Jeanne », aux petits soins avec les animaux jusqu’à la fin de sa vie, a transmis bien plus que la passion pour la nuciculture. C’est un peu grâce à elle, que Sylvie Raynault est revenue aux fon- damentaux en 2013, en s’installant officiellement comme agricultrice. « Avant cette date j’ai exercé des métiers variés. J’ai ouvert un restaurant, j’ai aussi travaillé dans l’événementiel à Paris » . Acquérir de nouveaux noyers
Ses brebis (élevage Les Grands Danses) destinées à « l’éco-tondeuse », sont une autre part de son activité. Tout comme la location de chambres d’hôtes, au coeur de sa ferme. Le cumul des trois lui permet de dégager un salaire.
Les projets ? « Accroître le nombre de noyers en acquérant de nouvelles noiseraies, et développer la communication autour de la noix et du pressage à façon » , répond la Percheronne. Elle donnera notamment une conférence en mars, à Mortagne-au-Perche (lire encadré).
Entre récolte des noix, naissance des agneaux et location saisonnière, Sylvie Raynault « ne s’ennuie pas » . Mais l’investis-l’investis- sement et le temps consacré au travail sont récompensés par l’essentiel : la joie de faire ce qu’on aime et d’aimer ce qu’on fait.
Entourée de ses colocataires - Capricieuse (brebis de quelques semaines), Lulu la poule et Miette le lapin - Sylvie Raynault irradie. Ses animaux sont « son bonheur » .