Un juin automnal
Que de journées maussades en juin après un hiver très doux ! Sébastien Decaux, présentateur météo, passe en revue cet étrange premier semestre.
Il n’y a plus d’hiver !
Nous avons connu l’hiver le plus chaud depuis 1900. Presque une habitude : cette saison est anormalement douce depuis les années 90. Le bonhomme de neige a sué à grosses gouttes avec une température de 2,6° au dessus des normales saisonnières.
Décembre.
Ce mois pulvérise les records, selon Sébastien Decaux : « Nous étions 3,9° au dessus de la température habituelle, avec, par exemple, un 18,1° enregistré à Lamballe, le 19, quand d’ordinaire on est plus près des 9 ou 10°. » Conséquence, il n’y a pas eu de gelées pendant ce mois, la nature était déboussolée avec ses arbres en fleurs avant l’heure.
Il a aussi été doux mais très humide. « C’est seulement entre le 15 et le 21 que le thermomètre passe en dessous de zéro. Ainsi avions-nous, -1,8° à Lamballe le 17 janvier et 0,5° à Dinard le même jour. » La première gelée survenue a Dinard depuis mars 2015 n’est arrivée que le 21 janvier, cette année. La végétation est donc restée précoce et, surtout, le froid n’a pas tué tous les parasites, larves de mouches ou de moustiques. « On fait peut-être des économies de chauffage, mais il n’est jamais très sain, d’avoir un hiver doux », commente
Janvier.
Sébastien Decaux.
La pluie, on va le constater tout au long de ce premier semestre a été très sporadique. 79 mm à Lamballe mais 113 à Dinard, soit 63% au dessus des normales, en janvier .
Février.
Doux et humide avec une pluviométrie de 18% au dessus de la normale. C’est quand même ce mois qu’on enregistre les températures les plus froides : -3,1° à Lamballe et -1, 7° à Dinard, le 16. Mais ce n’est pas le blizzard, à côté des -6° qu’on peut connaître de temps en temps.
Que d’eau ! avec 30 à 40% de pluviométrie au dessus de la normale. (95mm à Lamballe et 81mm à Dinard). Des coups de vent spectaculaires aussi avec la dépression Doris qui a propulsé le vent à 109km/h à Dinard et 126km/h à Saint-Cast-le-Guildo, le 9 mars. A part ça, mars est plutôt classique en cumulant une dizaine de jours de gel à Lamballe et 3 à Dinard.
Mars. Vlà (pas) le printemps Avril.
L’adage ne te découvre pas d’un fil n’a jamais été aussi vrai. D’ailleurs, qui aurait eu l’idée de se dévêtir avec un soleil qui n’a pas dépassé les 14° ? Certes, la durée d’ensoleillement est assez conforme à ce mois : 171 heures contre 179 en moyenne. Mais « il a manqué de belles journées » et au final, la moyenne des températures oscille entre 13 et 14° au lieu de 15. Et pourtant, il a plu un peu moins que de coutume.
Il s’est caractérisé par des gels tardifs, mettant le muguet en retard. Le 1er mai, en effet, il gelait à Lamballe. Le 15, il faisait 1° à Lamballe et 1,6° à Dinard. Et, contrairement à ce que l’on pourrait penser, il a peu plu ! - 45% de précipitations par rapport aux normales saisonnières, ce fut un mois sec ! (34mm à Dinard et 30 à Lamballe). Quant au soleil, il ne s’est guère éternisé pour autant. Le 5 mai, Lamballe a connu du 23,2°. Pas de quoi plonger dans son étang. La faute aux flux Nord, NordOuest. Et pourtant, quand Sébastien Decaux fait la moyenne de tout cela, il en conclut que Dinard a plus chauffé que de coutume avec 17, 7° l’aprèsmidi contre 17° d’ordinaire. « Il y a eu 181 heures d’ensoleillement contre 167 habituellement. » Certes, mai a rencontré très peu de beaux jours, d’où cette impression d’un mois pas terrible… mais finalement bien clément par rapport à ce qu’ont connu d’autres région de France, sous des pluies torrentielles.
Là, c’est catastrophique. Au 20 juin, on évaluait déjà un ensoleillement deux
Mai. Juin.
fois moindre que de coutume ! L’astre a brillé par son absence. Orages et nuages, disparates conduisent à une pluviométrie très inégale d’un lieu à l’autre. Entre le 10 et 17 juin, 23mm à Dinard mais 52 à Lamballe. Et, quand Rennes se réjouit de connaître cinq jours consécutifs à plus de 20°, entre le 5 et 10 juin, c’est la déception quand on arrive à Dinard pour se baigner : « Toute la côte et le barrage de la Rance était sous la brume (l’air chaud qui surplombe une mer froide, ça donne de la condensation) tandis qu’à Dinan et Saint-Jouan des Guérets c’était plein soleil. »
La journée la plus chaude, c’était le 9 juin, à Lamballe avec 25,2° et le 6 juin à Dinard, avec seulement 23°. « Des chiffres représentatifs d’un thermomètre qui a du mal à monter. »
Et la suite.
Ce jeudi, Sébastien Decaux annonce le retour de l’instabilité ; un vendredi plutôt variable avec des éclaircies et, « comme ce week-end, l’anticyclone sera sur l’Atlantique, le ciel sera sans doute très nuageux et il faut s’attendre à rien de bien estival avant le 28 juin ».