Le Petit Bleu

François Guernion, bénévole multicarte

Foot, fête des remparts, mutuelle ou écoles… ce retraité dinannais de 68 ans ne s’arrête jamais. Plus de quarante ans de bénévolat et de conviviali­té.

- Pascal CAYEUX

D’ordinaire, ce type-là est un vrai moulin à paroles. Et bizarremen­t, au moment de se confier, il faut presque lui tirer les vers du nez. Comme gêné que l’on puisse s’intéresser à lui, limite intimidé à l’idée que l’on puisse lui consacrer un article. « Bah, pour quoi faire ? ». Et bien parce qu’il est des gens comme lui qui oeuvrent dans l’ombre et qui parfois méritent, eux aussi, de prendre la lumière. D’aucuns se diront que ce gars là, « on le voit partout ». Et justement, c’est là tout son mérite, à François Guernion.

Conseil d’administra­tion et barbecue

Il nous revient à l’esprit une image récente d’un match de foot disputé en nocturne à la Croix de Pierre (un Dinan-Léhon contre Lorient), en semaine et en plein hiver, par un froid de canard et sous une pluie battante. Dispositif inhabituel pour le club dans l’organisati­on de cette rencontre, qui devait gérer circulatio­n et stationnem­ent aux abords du stade. Et au milieu du rond-point de la Nourais, transi et alors qu’il s’abattait des cordes, qui trouvait-on en train de gesticuler pour orienter les automobili­stes ? Mon François, bien sûr. « Fallait bien quelqu’un là… ».

Un exemple qui en dit long sur son sens du dévouement. Du bénévolat pur, juste par envie de se rendre utile à la collectivi­té, par plaisir de donner un coup de main, « pour aider les autres. »

Et attention, la liste est longue : au foot où il est élu au conseil d’administra­tion du Dinan-Léhon F.C., suit l’équipe D et s’occupe des petits le mercredi ; à l’Ogec (l’organisme de gestion des écoles catholique­s) dont il est le secrétaire en plus de siéger à la S.A. des Cordeliers ; au comité de la Fête des Remparts dont il est le secrétaire-adjoint et un manutentio­nnaire énergique avant, pendant et après la fête, à monter ou démonter ceci ou cela, ici ou là ; à la MGP (la mutuelle générale de la police) dont il est le président départemen­tal après y avoir occupé d’autres fonctions (bénévoles, il va sans dire) ; dans l’associatio­n des anciens élèves des Cordeliers dont il est le trésorier.

Mais encore… Licencié de Rance Jogging, il n’est jamais le dernier donner le coup de main lorsqu’il s’agit de flécher un circuit ; au Tennis Club de Taden-Dinan, « où je ne suis rien », il trouve quand même le moyen de consacrer pas mal de temps au moment de l’Open Kerbaty, pour décaper la cuisine ou tracer le parking. C’est tout ? « J’aime bien aussi donner un coup de main pour le concours internatio­nal de saut d’obstacles à Dinard… J’aime bien les chevaux. ». Et on en passe et des meilleurs, parfois juste pour griller des saucisses derrière un barbecue lors de telle ou telle manifestat­ion, mais aussi comme chauffeur de mini-bus (il a ses permis) pour accompagne­r quelques noceurs de ses amis partant en vadrouille. « Pour rendre service… » Dans tous les cercles au milieu desquels il évolue, les gens savent qu’ils peuvent compter sur lui en cas de besoin.

Retraité débordé

Des bénévoles, espèce dont on dit pourtant qu’elle est en voie de disparitio­n, il en faut partout. Mais ça ne court pas toujours les rues, « sans doute parce que les gens ont moins de temps. » Ou moins d’envie. Et plus d’égocentris­me. François Guernion, lui, est un multicarte du bénévolat, qui se propose volontiers aux autres. Un autre exemple : il faut des accompagna­nts à la piscine ou en classe de mer pour les élèves de l’école Sainte-Croix, il s’y colle avec plaisir, « je le fais pour mes petits-enfants. »

Avant eux, c’est pour ses deux grands fils, Franck et David, que ce retraité du Ministère de l’Intérieur (service transmissi­on à Rennes) s’est lancé corps et âme dans le bénévolat : « Ca a commencé en 1973 quand je suis rentré dans l’associatio­n des écoles primaires catholique­s de Dinan. » En 1974, il se retrouve bombardé président des parents d’élèves. En 1977, c’est quand ses gars se mettent au foot qu’il rentre à son tour au Stade Dinannais.

Entre-temps, sans doute animé d’un sens aigu de la solidarité, c’est pour ses collègues de travail qu’il s’engage comme délégué syndical avant de s’intéresser aux affaires de mutualité.

Ce qui le mène ? « La conviviali­té », tout simplement, répond ce natif de Plouër/ Rance, mû aussi par une énergie intacte, « j’ai besoin de m’occuper, faut que ça bouge. Je ne lis pas beaucoup, je ne regarde pas la télévision, ça m’ennuie. » Retraité débordé qui chaque jour consulte son agenda sur son smartphone, « la veille pour le lendemain », et qui ne rate que très rarement une réunion, « faut vraiment que je ne puisse pas », ou sauf à ce qu’il y en ait deux en même temps, « et alors si l’une concerne les Cordeliers, elle aura ma priorité. Les Cordeliers, c’est comme une deuxième famille », insiste celui qui y a été élève avant d’intégrer l’école navale de Pléneuf puis de passer le concours de la police.

Reste la vraie famille, « qui a pu parfois pâtir de mes absences. » Claudine a cessé depuis longtemps de lui courir après. D’ailleurs, elle finit devant lui dans toutes les courses à pied du secteur auxquelles ils participen­t…

Newspapers in French

Newspapers from France