Il punissait son fils à coups de ceinture
Le prévenu, originaire d’Afrique, est arrivé en France en 2002. Laissant derrière lui sept enfants dont un fils qui avait tout juste 1 an. « C’est le seul qui a pu obtenir un visa pour me rejoindre. Il est arrivé en France à 13 ans » pour vivre avec un père qu’il connaissait peu, et deux nouveaux frères et soeurs nés dans l’Hexagone.
Mais les retrouvailles ne se passent pas comme « le chef de famille » l’espérait. Il arrive à l’adolescent de « faire des bêtises ». Des grimaces à l’école. Des chewinggums balancés. Un carreau cassé. Le père, aujourd’hui âgé de 36 ans, ne le supporte pas. « Je vais t’élever à l’Africaine », lui dit-il. Et selon lui, ça passe par des coups. Sur tout le corps. Parfois violents. Le gamin, scolarisé en 6e dans un collège des Côtes d’Armor, en parle à son conseiller principal d’éducation. Le procureur est alerté. Une enquête enclenchée. « De nombreuses lésions ont été observées sur le corps de votre fils. Notamment des lésions suintantes au cuir chevelu », raconte le juge. Le collégien explique que son père le frappe parfois à coups de ceinture ou encore avec le câble de la télévision. Une autre fois, c’est son poing qu’il a reçu dans son nez ensanglanté.
« Votre enfant avait peur de rentrer chez vous. Il préférait rester au collège le soir. L’expert psychiatre a relevé de la souffrance psychique en lien avec de la maltraitance », rappelle le président du tribunal, Guillaume Bailhache. Le discours du jeune adolescent est jugé « crédible, cohérent ».
« Tout ça, c’est des mensonges, je ne le tape pas avec un câble mais avec mes mains », se défend maladroitement son père.
« Mais pourquoi le frapper », insiste le juge. « Parce qu’il fait des bêtises et manque de respect aux adultes ». Et le père de prendre pour exemple : « La dernière fois, il a fait pipi dans son lit et plutôt que de mettre son pyjama à la machine, il en a fait une boule qu’il a caché dans son armoire ».
« Je suis abasourdi par ce que vous racontez », enchaîne Me Tricheur, qui intervient pour l’association Sauvegarde de l’Enfance et de l’Adolescence. « Votre fils a peur de vous. Il vous cache les choses parce qu’il vous craint. Et contrairement à ce que vous dites, on n’élève pas les enfants comme ça en Afrique ».
« Mais il a la chance de faire ses études en France. Il faut qu’il le comprenne et arrête ses bêtises », continue d’insister le père.
« Ce n’est pas le procès de votre fils mais le vôtre. Comprenez-le bien », tente de lui faire prendre conscience à son tour la procureure Christelle Chenu.
Le prévenu, dont le casier judiciaire était vierge avant cette comparution, a été condamné à 5 mois de prison avec sursis ainsi que 1 300 euros à verser à l’association Sauvegarde de l’Enfance et de l’Adolescence. Une « peine d’avertissement » qui se transformera en prison ferme si de tels faits venaient à se reproduire, a prévenu le président du tribunal.
« Tout ça, c’est des mensonges, je ne le tape pas avec un câble mais avec mes mains »