Nominoë, père des Bretons et enfant de Dinan ?
Le Pleudihennais Julien Meunier publie un roman sur ce contemporain de Charlemagne qui a uni le peuple breton. La légende dit parfois qu’il serait né à Plumaugat.
Nominoë est moins connu qu’Anne de Bretagne. Pourtant, l’Histoire le présente comme « le premier roi des Bretons, celui qui a unifié la péninsule armoricaine » et tenu tête au roi des Francs, Charles le Chauve, un des petits-fils de Charlemagne, dans les années 800. Julien Meunier, 29 ans, originaire de Pleudihen a voulu rendre hommage à ce personnage haut en couleur lorsqu’il en a découvert l’existence, en voulant parfaire ses connaissances de la Bretagne. « Lors d’un stage en Corse j’avais réalisé combien les habitants connaissent leur histoire. Je me suis alors passionné pour celle de ma région. » Et rapidement, l’envie d’écrire démange ce jeune ingénieur en télécommunications. Au point de noircir des pages tous les soirs après le travail et de les faire corriger par une amie. Et de mettre un peu de côté sa passion pour la guitare et la batterie.
Plumaugat ou Vannes
« N’étant pas historien, j’ai choisi d’écrire un roman pour me permettre certains libertés. » D’autant plus que des éléments contradictoires circulent sur le personnage. Certains prétendent qu’il serait né à Plumaugat, non loin de Dinan - qui n’existe pas à l’époque. Ce qui expliquerait ses bons rapports avec les moines de Léhon à qui il porte secours. D’autres le localisent plutôt dans la région de Vannes ou de Carhaix. Un théorie vers laquelle penche davantage Julien Meunier, même s’il a choisi la première hypothèse dans son roman. « Je démarre en fait l’action dans ma région par chauvinisme », dit-il sans détour. De même qu’il dépeint le ’ héros national’ comme fils de paysan (qui selon la légende aurait trouvé un trésor en labourant) même s’il pense qu’en réalité, son père était un seigneur, d’où ses intuitions guerrières qui lui ont permis de belles victoires.
Les consanguins bretons
Pendant 150 pages, dans un style plutôt humoristique et simple, l’auteur nous présente un Nominoë inventif, ambitieux, comblé en amour, qui passe une bonne partie de son existence à guerroyer. Face à ce grand stratège, « qui n’avait pas la force du nombre », Charles Le Chauve, roi des Francs est souvent tourné en ridicule et dépeint comme un lâche pour l’écrivain. « C’est un roman », s’amuse-t-il à répéter. D’ailleurs, les moqueries sont bilatérales : à maintes reprises, les Bretons sont traités de consanguins par les Francs. « Ils étaient considérés comme des animaux qui se mariaient entre frères et soeurs… » Cependant, l’auteur essaie de respecter la chronologie historique en s’appuyant notamment sur les écrits du XIXe siècle d’Arthur de la Borderie et le Barzhaz Breizh, de Théodore Hersart de la Villemarqué. «A ma connaissance, il existe déjà deux romans sur Nominoë mais je n’ai pas voulu les lire pour ne pas être influencé », précise-t-il.
Les conquêtes
Nominoë, comte de Vannes, autrefois au service de Charles le Chauve se rebelle contre l’administration franque après l’avoir servie. Il triomphe lors des batailles de Messac (843) et de Ballon (845), le roi Charles lui concède alors l’autorité sur la Bretagne. Nominoë se voit accorder le titre officiel de « dux » et est dispensé de tribut. Mais en 849, Nominoë est de nouveau en guerre contre Charles le Chauve. Il conquiert Rennes et Nantes après avoir occupé Angers puis s’attaque au Mans ! Le guerrier breton poursuit même ses incursions à vendôme où, nouveau mystère, il meurt brutalement le 7 mars 851. Aucune explication sur les raisons de cette mort. Même s’il est surnommé roi des Bretons, il n’en a vraisembablement pas porté le titre.
En revanche, son fils et successeur, Erispoë, a été reconnu comme tel par Charles le Chauve. Cela tombe bien : Julien Meunier consacre le 2e tome de sa trilogie sur les Marches de Bretagne, à Erispoë !