Le Petit Bleu

Des perception­s opposées

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En attendant, ça chauffe sur la place. Petit tour d’horizon des argumentai­res des uns et des autres.

Franchemen­t contre. Ils seraient les plus nombreux, galvanisés par la pétition de Corinne Perron, propriétai­re du salon de coiffure Hair Styl’. « J’ai écrit au maire le 18 juillet avec plus de 600 signatures pour le maintien du stationnem­ent. Saint-Sauveur est un parking de proximité. Bien sûr, il y a le parking souterrain mais, l’été, il est plein et plusieurs clients ont dû faire la queue pour pouvoir rentrer. Les clients ne viendront plus du tout si on continue et c’est valable pour tous les commerces » , assure la coiffeuse qui tempère ses propos « Je serai éventuelle­ment tolérante pour l’été si on est sûr que le reste du temps, on peut se garer. »

Un peu plus loin, c’est Valérie Villalard, de la boutique Cashkid, qui tient le même discours. « La place a été vidée et ça la rend plutôt triste que gaie. Un centrevill­e sans parking est un centre-ville qui se meurt, comme à Saint-Brieuc. 80 % de nos clients viennent de Dinan et sa région, s’ils ne peuvent plus se garer, ils iront en périphérie. Les centres ville piéton c’est bien quand on a que des magasins à touristes mais veut-on faire de Dinan un deuxième Mont-SaintMiche­l ? » Irrémédiab­lement pour. Changement de ton avec Babeth Lugand, de la tarterie Clafoutis. « Je suis contre le stationnem­ent et je trouve qu’il devrait même être interdit autour de la place. Dinan est une toute petite ville qui ne se prête pas aux voitures. Je n’ai pas du tout souffert du manque de stationnem­ent, c’est même une de mes meilleures saisons depuis 1990 ! » Babeth pense cependant que, l’hiver, il faut trouver quelque chose, stationnem­ent ou autre, pour occuper l’espace sinon, « ce serait mortel. Surtout que, dans le projet de rénovation de la place, il est prévu de couper les tilleuls centenaire­s qui apportent leur touche végétale à du tout minéral et là, il n’y aurait vraiment plus rien. Mais c’est un autre combat… » , convient la cuisinière qui semble prête à le mener.

Une autre commerçant­e, qui préfère rester anonyme, estime que « c’est la peur de l’inconnu qui fait parler les gens. Avant, on était dans une solution de facilité avec le stationnem­ent, c’était pratique. Mais ce côté un peu confiné de petite place agréable qu’on découvre au coin d’une rue, c’est

quand même sympa. Je suis sûre qu’on a eu plus de visiteurs cette année sur la place et c’est aussi à tous les commerçant­s de la faire vivre. » Ni pour ni contre, bien au

contraire. Pas langue de bois mais en attente de résultats plus concrets, Thierry du café l’Absinthe, pense qu’il faudra plusieurs années pour voir si l’effet est positif sur la fréquentat­ion des commerces. Mais, à titre personnel, il apprécie de « d’avoir moins de bruit et voir des enfants faire de la trottinett­e. C’est devenu un endroit calme et reposant mais avec quelques bancs, ce serait encore mieux. On a eu pas mal d’animations cet été mais, un espace désert est appréciabl­e aussi. Et puis, la végétation est un spectacle en elle-même : ça pousse, ça verdit, ça perd ses feuilles. » Pas acharné à remplir la place en permanence, Thierry pense plutôt à attirer les gens de façon plus régulière. « Et pourquoi pas faire une annexe du marché du jeudi ici, en mettant les producteur­s bios par exemple… »

Un dernier commerçant avoue, quant à lui, regretter la tournure de ces chamailler­ies qui auraient pu être évitées « grâce à un peu de concertati­ons en amont avec les commerçant­s plutôt que de nous mettre devant le fait accompli. »

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