Où construire sur la côte ?
Il en reste encore, et à des prix parfois abordables, en tout cas en lotissements. La vue sur mer n’est pas forcément garantie, mais l’air est iodé à coup sûr ! Petit tour d’horizon sur notre littoral, de Lancieux à Fréhel, par Trégon et Matignon, entre a
Construire sur la côte ? Pas à la portée de toutes les bourses… La sentence sonnerait presque comme une évidence. Elle paraît surtout hâtive. Les communes littorales ne sont pas les moins dynamiques pour attirer de nouveaux administrés. Les lotissements, communaux et privés, y trouvent un terreau fertile pour y pousser. Pas plus qu’ailleurs, pas moins non plus, à un rythme qui paraît raisonné, maîtrisé. Par exemple, à Saint-Jacut-de-la-mer, on ne trouve actuellement aucun lotissement en cours de réalisation, pas même en projet, indique la mairie. À Saint-Cast-le-Guildo, il ne reste que quelques (grands) lots sur un projet privé. On est donc loin d’une urbanisation galopante.
Partis comme des petits pains
Actuellement, c’est à Ploubalay que les lots disponibles sont les plus nombreux. Dans cette commune, on compte cinq lotissements en cours de réalisation. Certains objecteront qu’il ne s’agit pas d’une station balnéaire. On rappellera que si on ne trouve pas de plages à Ploubalay, la commune a bien une façade maritime (avec ses polders) qui donne sur la baie de Beaussais. D’ailleurs, dans le bien nommé lotissement de la baie, les plus chanceux en train de faire construire auront une vue imprenable sur les plages et le clocher de Saint-Jacut. Tentant ? Il reste un lot de 682 m2. Le prix du pré du bonheur est fixé à 80 000 €.
« Il existe une forte demande sur Ploubalay, analyse Emmanuel Thoreux, de la société Terres de projets et aménageur du lotissement de la baie. Les acquéreurs sont souvent des gens qui travaillent de l’autre côté du barrage de la Rance, mais qui sont freinés dans leurs projets par le prix des terrains à Saint-Malo, et qui pour les mêmes raisons s’éloignent de Dinard ou de La Richardais. C’est moins cher ici, bien situé, avec toutes les commodités et services, des professionnels de santé, des commerces. »
Si la commune voit débarquer de jeunes couples primo-accédants, elle attire aussi les investisseurs, selon S. Fournier, de la société « Ar Terre Aménage- ment », qui a en route le lotissement Lann Ewen : « Par la révision de son Plan local d’urbanisme (PLU), la commune à ouvert à la construction de nouveaux secteurs. Les acquéreurs sont pour la plupart d’ici et travaillent ici, mais on voit aussi beaucoup d’investisseurs attirés par le dispositif Pinel de défiscalisation qui s’applique maintenant à Ploubalay. » Peut-être une raison du succès. Car les terrains semblent s’arracher comme des petits pains : sur les 31 lots du lotissement Lann Ewen, il n’en reste plus que six de disponibles (lire aussi ci-dessous), « c’est parti très vite, on avait obtenu le permis d’aménager en mars. »
Dans la commune voisine de Trégon (qui forme d’ailleurs avec Ploubalay et Le Plessix-Balisson la commune nouvelle de Beaussais-sur-Mer), deux lotissements sont aussi en cours de commercialisation. L’un est communal. L’autre est privé, porté par le groupe Marc-Even, qui a trouvé là un site « attractif par la proximité de la baie et de SaintJacut-de-la-Mer. Si on est interrogé par des primo-accédants, la situation géographique est un argument qui compte aussi pour des gens qui veulent une résidence secondaire. » La villégiature, le petit coin de paradis, deux autres raisons qui expliquent l’attrait pour la côte.
Un peu plus loin, à Créhen (qui a sur son territoire une rive du port du Guildo), deux lotissements sortent aussi de terre. Idem à Matignon. Et Fréhel n’est pas en reste. Et on ne parle là que de terrains en lotissements, sans compter les parcelles isolées mais constructibles (voir aussi ci-dessous notre sélection chez les notaires). A contrario, rien pour le moment à Plévenon, « mais le nouveau PLU est acté, il y aura des projets », annonce la maire, Claudine Belliard.
Mais pour une maison près de la mer, quel est le coût du rêve ? Selon la chambre régionale des notaires dans son observatoire de juin dernier, le prix médian des terrains, au mètre carré, de Lancieux à Morieux, est de 85 €, en augmentation sur un an de 5,8 %. Mais cela peut masquer de fortes disparités.
Car cette fois selon l’Adil (agence départementale d’information sur le logement) dans son obser- vatoire 2015 des terrains à bâtir en lotissement, le prix moyen (et non médian, pour le coup) atteint 130 €/m2 sur les quatre communes costarmoricaines de la Communauté de communes de la Côte d’Emeraude (Ploubalay, Trégon, Lancieux, Le Plessix-Balisson).
Et les primo-accédants ?
« Le marché retrouve une bonne dynamique », selon la même source, et cela profite au Pays de Dinan en général, et à ses communes littorales en particulier : « En 2015, la production de terrains à bâtir est clairement dominée par les Pays de Dinan et de Saint-Brieuc avec respectivement 46 % et 29 % des lots autorisés. » Et parmi ceux-là, 47 % se trouvent en bords de mer alors que seulement 13 % des communes du département sont littorales. La preuve d’une forte demande quand l’air est davantage marin.
Restera à permettre aux jeunes issus de ces communes de s’y établir à leur tour. C’est un véritable enjeu. Il appartiendra aux élus de prendre les mesures nécessaires en ce sens. Ils en ont conscience, « on travaille beaucoup avec eux sur la problématique primo-accédants », assure Emmanuel Thoreux, également promoteur d’un lotissement à Matignon.
Dans le même sens, André Gilbert, le maire de Lancieux, rappelait récemment dans un entretien qu’il nous avait accordé : « On vient d’aménager un lotissement communal de 20 lots, réservé aux résidences principales, pour des primo-accédants, et on a même mis une clause anti-spéculative : les acquéreurs s’engagent à rester dix ans propriétaires de leur maison. Surtout, quatre lots sont réservés à un bailleur social pour du locatif. Nous prévoyons un autre petit lotissement communal. Nous appliquerons les mêmes règles pour favoriser les jeunes couples. »
Voilà sans doute un exemple à suivre.