« On a été moins impactés que les autres »
Contrairement à d’autres régions françaises, les céréales bretonnes ont moins souffert des mauvaises conditions climatiques. Dans notre région, les rendements se rapprochent de ceux d’une année ’normale’.
Si 2015 avait été une année record en terme de récoltes céréalières, 2016 ne restera pas dans les annales des producteurs.
Contrairement aux céréaliers de la Beauce, qui ont pu constater jusqu’à 50 % de baisse de leurs récoltes, ici, la perte oscille
entre 15 et 20 %. « Mais si on se réfère à la moyenne des cinq dernières années, on est plutôt juste en dessous de la normale. Certains agriculteurs ont même récolté 80 quintaux à l’hectare pour le blé » , positive Sylvain Théon, directeur de la coopérative Garun- La Pay
sanne, à Hénansal, « pourtant, c’est très hétérogène selon les zones et surtout l’exposition du champ. Beaucoup ont manqué de lumière au printemps, ce qui a empêché la photosynthèse pour les parcelles qui n’étaient pas exposées au soleil. »
Des protéines
La bonne nouvelle, effet mécanique de la baisse de rendement, vient du taux de protéine du blé, qui a augmenté à 10.8 g (contre 10.4 l’année dernière). Plus ce taux est élevé, moins l’éleveur est obligé de complémenter la ration alimentaire du bétail. Ce qui fait de l’orge 2016 une céréale intéressante, son taux de protéine étant passé de 9.3 à 10.6 g. Les producteurs qui ont choisi l’orge cette année étaient d’ailleurs plus nombreux (lire encadré)
Le taux d’humidité, situé lui à 14.3 %, est correct et permet d’éviter de sécher artificiellement les grains. Pourtant, question humidité, on pouvait craindre le pire. Alors que la collecte avait démarré en trombe tout début juillet pour l’orge et le colza, elle s’est finalement étalée sur 18 jours, à cause des conditions météo.
Du soja morbihannais
À la coopérative, la plupart des céréales sont utilisées dans les usines d’aliment pour les élevages.
Pour les agriculteurs qui choisissent de vendre une partie de leur récolte, l’année s’annonce
très difficile. « La Russie vient d’annoncer une année record, les États-Unis aussi. Excédentaires, car il leur restait du stock de l’année dernière, ces deux pays vont peser sur les prix d’autant plus qu’ailleurs en Europe, la récolte a été bonne » , explique Sylvain Théon
qui complète, « il faut travailler l’indépendance en protéine de la France, notamment avec les tourteaux de colza ou de tournesol. »
Des essais de culture de soja, riche en protéines, ont d’ailleurs été menés en Bretagne et c’est le Morbihan qui semble le plus propice à accueillir cette culture très exigeante en soleil et en eau.