Sept salariés sur le carreau
Les 7 employés de cette société de peinture de Saint-Carné sont rentrés de vacances mardi, mais le patron n’était pas là.
« On se retrouve le bec dans l’eau » dit l’un des ouvriers, réuni avec ses collègues à l’arrière du bâtiment de la Sarl Leroy, zone artisanale de Saint-Carné. Une société spécialisée en peinture et isolation extérieure.
Les véhicules vendus pendant les vacances
Mardi, quand lui, ses collègues et l’apprentie sont arrivés au travail, à 8h, ils ont compris qu’ils n’en avaient plus. « 5 des 7 véhicules de chantiers ainsi que des échafaudages ne sont plus là. Frédéric Leroy (1), le patron, nous avait informés qu’il vendait le matériel pour régulariser la situation. En fait, rien n’est réglé pour nous. » Les salariés déplorent, en effet, n’avoir été payés que « 5 des 18 jours de congés » auxquels ils avaient droit. Et les voici demandant au maire, Ronan Trellu, de leur signer une attestation de présence pour prouver qu’ils sont bien venus au travail, ce mardi matin : « On n’a aucun papier de licenciement. »
Certes, ils connaissaient les difficultés économiques de la petite entreprise créée en 1969 par le père de Frédéric Leroy. « On entendait des rumeurs depuis un moment. Mais, à chaque fois qu’on lui posait la question, il répondait que tout allait bien. On avait eu des chèques de salaire impayés mais cela s’était réglé. Finalement, on a dû partir une semaine plus tôt en vacances. C’est là qu’il nous a annoncé qu’il n’y avait plus de travail et qu’il mettait la clé sous la porte. Maintenant,nous voilà sans papier, pour pouvoir nous inscrire à Pôle Emploi », explique une des employés.
Une lettre
Une des salariées a tout de même pu obtenir un message de Fréderic Leroy, deux jours avant la reprise : « Il m’annonçait que le dossier de l’entreprise serait présenté au tribunal de commerce le 12 septembre prochain. » Or, le tribunal de commerce de Saint-Malo dit n’avoir aucune procédure en cours concernant l’entreprise carnéenne. Quelques heures plus tard, les sept peintres en bâtiment ont fini par avoir leur ex-patron au téléphone, « étonné qu’on soit allé au travail et estimant que c’est au mandataire judiciaire de s’occuper de cela. Il a bien voulu nous laisser un courrier, dans l’atelier ». Les futurs demandeurs d’emploi en sont restés dépités : « Je vous écris à votre demande que l’entreprise se trouve en liquidation et qu’elle ne rouvrira pas », indique simplement la lettre. Mercredi, chacun des salariés devait déposer une demande de saisine des prud’hommes afin de mettre un terme au vide juridique dans lequel il se trouve.
Les explications du patron
Joint par téléphone en soirée, Frédéric Leroy s’explique : « Je les avais prévenus avant les vacances que ce n’était plus la peine de revenir. Je suis en cessation de paiement. J’ai revendu du matériel pour rembourser des fournisseurs. D’ici quelques jours, une fois que le dépôt de bilan sera effectué et que le dossier sera entre les mains d’un mandataire judiciaire, les employés seront indemnisés par le fonds de garantie des salaires auquel les entreprises cotisent. J’ai fait les démarches nécessaires et dès lors je n’ai plus la main » assure Frédéric Leroy qui dit ne pas bien vivre cette situation et ne voit d’autre issue que la liquidation. Cela, les employés l’ont compris, mais qu’ils n’aient pas de statut, leur paraît anormal. Le patron justifie enfin le fait de les avoir prévenus tardivement parce qu’il redoutait que les chantiers se finissent mal. Et il certifie que son dossier doit bien passer en commission à la chambre de commerce vers la mi-septembre.