60 années à planer
Sa passion l’a amené à aménager en face de l’aérodrome de Trélivan afin d’être plus rapidement en piste.
Né en 1934, Lucien Renault effectue son premier vol en planeur à Dinan en septembre 1953 et sera breveté le 25 juin 1955.
Le Trélivannais fait ses débuts sur un C800, un planeur ventru, biplace cote à cote, en décalé, tiré alors par un treuil avec câble qui permet le décollage. Passionné de vol à voile, il décide de s’installer en face de l’aérodrome, en bordure de la D61, où il habite toujours avec Jeannine son épouse, afin d’être plus rapidement en piste. Bien plus tard, il va s’initier à l’ULM et en achètera un Weedhapper qu’il pilotera jusqu’en 2013 : «Il m’arrivait de traverser la route avec mon ULM, pour aller en face, sur la piste en herbe, afin de décoller. Je faisais évidemment attention à la circulation automobile. Les conducteurs étaient surpris de voir un avion leur couper la route ! raconte l’ancien pilote. Les gendarmes m’ont interpellé une fois, mais il n’y a pas vraiment de Loi qui interdit cette pratique » ajoute Lucien Renault.
Des anecdotes croustillantes
Lulu Renault a conservé tous ses brevets et carnets de vols. Son premier atterrissage forcé a lieu en 1959 : « Je me suis posé sur la plage d’Erquy pour aller saluer un copain, mais c’était en fait mon premier ’Aller aux vaches’comme on dit dans le jargon professionnel. » Le 1er juillet 1960, Lulu décolle de Dinan et plane à 400 m d’altitude pour un petit vol de routine. Mais des vents favorables le propulsent à 1.500 m d’altitude et 150 km plus loin, après six heures de vol : « Mon mari a atterri sans dégât dans un champ d’avoine près de Concarneau. C’est la gendarmerie locale qui viendra constater l’incident et comptabiliser l’atterrissage. Car la distance parcourue lui permet d’obtenir les brevets n° 1 et 2 ! »
Enfin, en mars 1961, Lulu Renault effectuera son premier looping en planeur, un V36 Aile volante…
Aujourd’hui, malheureusement diminué par maladie, Lucien Renault regarde toujours du côté de l’aérodrome juste en face de chez lui. Dans son jardin, son hangar privé en tôles ondulées, atteste d’un passé encore récent où son ultra léger motorisé était à l’abri des intempéries. Et dans l’attente de la réouverture du club vol à voile dinannais, il feuillette tranquillement les documents officiels et les photographies, témoins indéniables d’une passion inébranlable qu’il a menée près de 60 ans durant !