Ils ont imaginé la médiathèque de leur commune d’enfance
Samedi 17 septembre, Plouër-sur-Rance inaugurait sa nouvelle médiathèque, ouverte depuis l’été. Un bâtiment conçu par de jeunes architectes originaires de la commune, qui débutent ainsi leur carrière de manière pas banale…
C’est le premier chantier public de Gaël Hemon, et le premier « tout court » de Jean-Baptiste Simon. Pour commencer leur carrière, les deux architectes, âgés de 33 et 29 ans, ont eu la chance de pouvoir imaginer la médiathèque de la commune où ils ont grandi : Plouër-sur-Rance. Pas banal, d’autant qu’ils sont d’anciens lecteurs de la bibliothèque, qui se trouvait alors dans une maison du bourg, sur plusieurs étages.
Les jeunes gens ont quelques années d’écart mais ils se sont croisés au collège. « Dans une petite commune, on a tendance à garder un oeil sur les collègues », avoue Jean-Baptiste qui, en entendant parler du projet de médiathèque, a eu l’idée de faire équipe avec son jeune aîné, qui avait déjà l’habilitation à la maîtrise d’oeuvre. Pour être crédible, les deux Plouérais ont fait appel à un mandataire : ce sera Arnaud Mettelet de l’agence Atome de Vannes. Ce sont donc trois associés qui se présentent au concours en 2013, parmi 39 candidats. Et passent la première étape de sélection.
Localisation sensible
Mieux peut-être que leurs concurrents, ils savent à quel point la localisation du projet est sensible. La médiathèque doit se voir depuis la départementale 12, qui offre une si jolie perspective sur le verger, le bourg et son église. C’est grâce à cette vue, sans doute, que Plouër conserve un air de ’village’ malgré ses quelque 3.500 habitants. « Peu de communes ont su garder une façade pittoresque comme celle-ci, confirme Gaël. On ne voulait surtout pas dénaturer cela. » Pour les deux jeunes gens, « il y avait donc quelque chose de bien à faire… et surtout quelque chose à ne pas rater ! »
Pas de pastiche
Pour autant, pas question de « pasticher » l’architecture locale. Le bâtiment sera contemporain mais les jeunes gens le conçoivent comme « un socle » discret, qui vient « souligner » la vue sur le bourg. Autre parti pris qui a convaincu les élus plouérais au moment du choix final, « l’entrée et les parties vitrées sont orientées vers l’activité humaine, vers le bourg et ses habitants ». Cela permettait aussi une façade arrière « minérale » qui se fonde davantage dans le paysage.
A ce sujet, le choix du parement du mur aura été délicat. « On a fait beaucoup de tests avec l’entreprise Granit Jaune. Le maire a longtemps hésité entre cette ardoise noire (schiste ardoisier de Redon) et une pierre plus blanche (gneiss de Limoges). Le choix de l’ardoise a été collectif, et pour nous, c’était le bon. »
Mur de livres
Pour l’intérieur, les Plouérais ont convoqué leurs souvenirs de l’ancienne bibliothèque, « rigolote et labyrinthique ». En vertu de quoi, « on ne voulait pas une seule grande pièce organisée par les rayonnages mais plusieurs espaces dans un bâtiment long ». Ces différents espaces sont reliés entre eux par un mur de livres d’une quarantaine de mètres. Idée originale qui, aujourd’hui, attire l’oeil des visiteurs.
Et les habitants, justement, que pensent-ils du bâtiment ? Parler d’unanimité serait exagéré, mais « j’ai l’impression qu’il y a consensus et que ça séduit les gens », sourit Jean-Baptiste Simon, qui se dit « fier » du résultat. « Maintenant, ce n’est plus notre projet. C’est celui des Plouérais. » En images sur www.lepetitbleu.fr