Le Petit Bleu

Son travail ne tient qu’à une corde !

Tanguy Tavet est le patron, à Plancoët, de Accroch’toit, entreprise de couverture et étanchéité. Aux chantiers classiques dans sa profession, il ajoute une spécialité : les travaux d’accès difficile, au sommet des clochers ou sur les hauts toits d’usines.

- P.C.

C’est, vraiment, ce qu’on appelle ajouter une corde à son arc. Tanguy Tavet est couvreur. Et cordiste. Une activité, méconnue, qu’il est l’un des seuls, avec deux de ses « gars » (sur ses cinq employés), à exercer dans les parages. Métier d’équilibris­te, d’escaladeur, longtemps réservé aux guides de haute montagne, habitués à évoluer dans le vide suspendus à des cordes.

Issu d’une famille de couvreurs bien connus dans la région (Ploubalay), Tanguy Tavet s’est vite dessiné un avenir sur les toits. « Mais j’ai assez rapidement eu le sentiment d’avoir fait le tour de la question. J’avais envie de bouger. » Cap sur Caen, fief d’une belle boîte spécialisé­e dans les travaux sur cordes en tous genres, « la deuxième plus grosse de France, qui avait cinq agences. » Pendant huit ans, le Breton travailler­a de déplacemen­ts en déplacemen­ts un peu partout dans l’Hexagone. Jusqu’à ce que l’air du pays le rappelle à ses bons souvenirs sur la Côte d’Emeraude.

Clochers et châteaux d’eau

C’était il y a dix ans, et il monte, à Plancoët, Accroch’toit, entreprise de couverture et étanchéité. Et de travaux d’accès difficile. « Il n’y a pas suffisamme­nt d’activités dans la région pour qu’une petite structure comme la mienne ne fasse que cela. » Cela ne l’empêche pas d’aller jusqu’au Havre (Safran) ou Laval (station d’épuration), « disons qu’on fait tout le grand ouest. » Avec de bonnes années, d’autres plus moyennes, « disons que les travaux sur cordes représente­nt 35 % de mon chiffre d’affaires. »

Pose de filets anti-pigeons sur le clocher de Pléneuf, réfection de joints sur un château d’eau à Morieux, stérilisat­ion d’oeufs de goélands, démoussage de toits d’usine, pose d’une bâche sur le phare du Cap Fréhel en soutien aux otages français (Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier) pour le départ de la Route du Rhum 2010. Ou, comme bientôt, installati­on de sprinklers (systèmes d’arrosage automatiqu­e de protection incendie) sous les toits de l’abattoir Tendriade à Chateaubou­rg ou dévégétali­sation de l’église d’Hénanbihen, « d’en bas, ça ne se voit pas, mais dans les clochers, ce sont de véritables petits arbustes qui poussent entre les pierres. » Voilà le genre de travaux que peut effectuer Accroch’Toit, qui supposent, en plus de ne pas avoir le vertige, d’être assez polyvalent, avec quelques compétence­s en maçonnerie ou électricit­é, en peinture ou en plomberie, par exemple.

Sécurité extrême

Le métier de cordiste s’apprend (au plus près d’ici, à Orgères près de Rennes, chez Positiv’formation) avec deux diplômes possibles, le CATS (certificat d’aptitude aux travaux sur corde) ou le CQP (certificat de qualificat­ion profession­nelle). Et en plus de la technique de grimpe, ce sont évidemment les questions de sécurité qui sont aux coeur des formations. « On n’a pas le droit à l’erreur, on est forcément très vigilants làdessus. Mais si le métier est impression­nant, il n’est pas si dangereux que cela. Parce qu’on est très rigoureux sur la sécurité, les accidents sont extrêmemen­t rares, et bien moins fréquents que pour les couvreurs. On travaille en permanence sur deux points d’ancrage avec deux cordes, qui chacune peuvent soutenir 2,5 tonnes. » Même les outils sont attachés, s’agirait pas de laisser tomber un tournevis de 50 mètres de haut.

« En plus d’accéder plus facilement à certains endroits, les travaux sur corde permettent d’intervenir plus vite et avec plus de mobilité, sans avoir besoin de monter un échafaudag­e ou de louer une nacelle », souligne Tanguy Tavet. Lui avoue en outre y trouver un certain plaisir personnel, « des sensations, même si avec le temps, on y prête moins attention. » Variété des chantiers aussi, « rarement deux identiques », mais exigences physiques, « faut être plutôt costaud et souple. Et à 44 ans, on l’est moins », sourit-il.

Newspapers in French

Newspapers from France